FLAT / GRAND DELIT, DEUX SOLI DE LA Cie YANN L’HEUREUX
« Flat / Grand délit » au théâtre de l’Oulle – 10h15 – 2 soli de 30 mn chacun.
La Compagnie du chorégraphe Yann l’Heureux » a travaillé plusieurs thématiques sous forme de triptyque en apportant chaque fois un regard différent issu de divers continents. Yann l’Heureux chorégraphie et met en scène les 6 soli avec toujours la même optique de croisement des formes artistiques issues d’horizons toujours très différents. Le premier triptyque nous parle de l’Art des rues au travers de trois soli : Hip Hop, l’art du déplacement en milieu urbain et l’homme et sa machine, le BMX. Le Deuxième triptyque concerne les femmes et la danse.
Pour cette édition 2015 du Off, la compagnie propose deux soli issus des 2 triptyques.
Le premier solo est interprété par Vincent Warin, ancien pro du BMX, champion de France et vice-champion du monde. Sur scène, lui, son vélo et un micro perché en l’air. Vincent Warin dès les premiers coups de pédale fait immédiatement comprendre au public que ce spectacle n’est pas un show de BMX. Dès les premières secondes on a ce sentiment que quelque chose va se passer. Vincent Warin, par un rythme crescendo, nous fait ressentir tout l’amour qu’il a pour ce sport, toute la violence de l’âge qui passe et le questionnement de ces sportifs en fin de carrière. Quel âge faut-il avoir pour être un enfant ou pour se dire qu’il est trop tôt ou trop tard ? Il prend le parti de ne pas vouloir se définir ainsi, il se montre sur scène avec toutes ses imperfections et cette passion dévorante. Le vélo entre ses mains passe de l’ogre au monstre, à l’enfant, à l’être aimé qui est rejeté mais vers qui on revient toujours.
Vincent Warin propose un drôle de spectacle qui peut réellement surprendre ceux qui pensent qu’un vélo entre les mains d’un artiste ne peut pas être poétique. L’émotion est palpable à la vue de ce duo tour à tour fort et agile mais souvent fragile et extraordinairement léger et poétique.
Le deuxième solo est proposé par Cristina Hall, danseuse de flamenco américaine, qui plonge le public au cœur même de sa démarche artistique. Dès lors on peut aisément comprendre que la proposition est de nature moins évidente, les courant créatifs se croisent, s’entrechoquent et forment le matériau propice à l’interprétation de l’artiste. La démarche artistique consistant à montrer le passé, le présent et une vision du futur de sa danse, voire du flamenco moderne, semble assez opaque pour les non-initiés et réellement difficile d’approche. Le discours sur le rapport au corps est bien plus direct, il est dans la ligne d’un courant féministe actuel assez naturaliste. Cristina offre sa danse et expose son corps dans toute sa fragilité d’artiste dans le cadre d’un environnement technologique et humain de plus en plus dur.
Si ce n’est le jusqu’au-boutisme de ces deux propositions, il paraît difficile de les mettre sur le même plan artistique tant la forme est différente et on peut regretter de ne pas pouvoir voir les triptyques qui forment à coup sûr un ensemble plus cohérent. il est évident que les moyens techniques nécessaires ne sont pas malheureusement pas compatibles avec les contraintes d’organisation d’une scène du Off.
Pierre Salles
Photo ©Sylvie Veyrunes
Ce gars en BMX vu dans un autre spectacle cette année est juste incroyable