« DES CAILLOUX PLEIN LES POCHES », UN MELODRAME DRÔLE ET EMOUVANT

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LEBRUITDUOFF.COM – 23 juillet 2015

« Des cailloux plein les poches » de Marie Jones – Théâtre du Chêne Noir à 11h – Durée : 1h30.

Une superproduction d’Hollywood débarque dans un village rural irlandais, dans le comté du Kerry, pour y tourner « La Vallée tranquille », une histoire d’amour dans les pittoresques prairies de l’Irlande profonde. C’est une aubaine pour Charlie et Jake, deux laissés-pour-compte qui ont décroché un rôle de figurant.

Le village est en ébullition et le tournage donne lieu à de multiples péripéties. Jake semble être au goût de la star italienne. Il se prend à rêver mais que se cache-t-il derrière ce jeu de séduction ? Malgré le filon que semble représenter ce déferlement de technologie, de stars et de dollars, on sent bien que la vie de ces villageois est perturbée et qu’ils n’en sortiront pas indemnes.

La suite de la pièce est à découvrir et, même si l’humour et la drôlerie ne sont jamais absents, le ciel irlandais s’assombrit rapidement au cours du tournage. Nous avons beaucoup de compassion pour ces deux marginaux, à priori insouciants mais pleins de tendresse et d’humanité.

Tout ce petit monde du cinéma et du village est interprété par deux acteurs, Eric Métayer et Elrik Thomas, stupéfiants de vivacité et de drôlerie, qui campent une quinzaine de personnages aussi variés qu’une star italienne, un metteur en scène surexcité, un paysan irlandais, un vieil ivrogne, un jeune drogué paumé et bien d’autres encore avec une capacité de mimétisme étonnante. Les métamorphoses sont quasi-instantanées, convaincantes et s’appuient sur des détails mineurs comme une démarche, une tonalité, une casquette, un tic, une posture. Un peu à la manière d’un Philippe Caubère et avec le même talent, ces deux compères tiennent le spectacle à bout de bras et nous offrent un magnifique travail d’acteur.

La mise en scène de Stephan Meldegg est sans surprise et s’appuie sur des ressorts et des effets comiques assez classiques. Elle n’en est pas moins efficace, alerte et divertissante.

Les nombreux personnages sont souvent caricaturés et stéréotypés avec une certaine facilité. On peut regretter que cette option, destinée sans aucun doute à accentuer l’effet comique et à éviter les ruptures de rythme, manque parfois de nuances et estompe les moments graves et poignants de la pièce.
Ce spectacle s’inscrit dans la veine du bon théâtre populaire pour tout public. On ne voit pas le temps passer et on reste stupéfait par ces performances d’acteurs.

Il faut tout de même voir, qu’au-delà de la comédie et du rire, ce mélodrame à la fois drôle et émouvant aborde des sujets particulièrement d’actualité. Cette troupe de cinéastes qui écrase ce monde paysan par la technologie, la futilité du show-biz, les dollars et les promesses ne manque pas d’évoquer une forme de colonisation moderne, puissante et insidieuse. Qu’elle soit portée par ces cinéastes américains, par l’urbanisation tentaculaire, par le mépris de la nature et des paysans, par une culture unique et standardisée, par le « tout économique » ou par tout autre vecteur, elle aboutit toujours à une perte de valeurs, d’identités, de repères, à des rêves brisés et à des laissés-pour-compte.

JLB

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