AVIGNON OFF 2015 : FIN DE PARTIE…

richard

LEBRUITDUOFF.COM – 26 juillet 2015

Voilà donc la fin de cette édition 2015 du Festival d’Avignon et du Off qui restera avant tout dans les annales comme étant l’un des festivals les plus chauds de la série, non qu’il y eut ici ou là de mémorables fêtes mais simplement eu égard aux températures extrêmes. Certains touristes en short ont quelquefois fait remarquer qu’il était normal qu’il fasse chaud l’été, mais c’était sans penser à tous les professionnels du spectacle qui jouent ou arpentent Avignon de 10h du matin à minuit. Chapeau bas à ces artisans de l’Art qui malmènent leur corps un mois durant afin d’amener public et professionnels à découvrir leur travail.

Cet instant météo passé, il faut reconnaître qu’il y a eu de belles choses dans ce Festival et dans le Off. Le Festival nous a enchanté cette année avec quelques pépites. Je ne parlerai pas du blockbuster allemand car il n’en est rien, il s’agit juste là pour moi d’une très belle création digne d’un des plus beaux festivals. Nul apocalyptique Lear pour ma part, juste un Py moyen et manquant peut-être de sincérité à l’inverse d’un Lupa subtil, tout comme nombre d’autres spectacles manquant parfois d’envergure, ce « Dinamo » qui décidément n’a pas fait pas d’étincelles, ou ce Porée qui, malgré une belle mise en scène,s’essouffle assez vite.

Mais un des plus grands problèmes cette année sera peut-être la perte de 4/10 à chaque œil, à force de vouloir s’acharner à suivre les traductions parfois laborieuses de textes en polonais, allemand ou espagnol. Mais comment faire ? Certains veulent plus de metteurs en scène français mais où trouver les talents ? Le théâtre français est-il encore vraiment au niveau mondial ? On est en droit de se poser la question tant les formes proposées par des créateurs étrangers semblent franchement moins vieillottes. Notre théâtre sent tout de même un peu la naphtaline et la lavande, tout comme ces talentueuses divas qui sont venus nous offrir de magnifiques lectures, cheveux au vent, vaporeuses à souhait, sortes de Grace Kelly du théâtre. Il ne reste donc plus qu’à espérer que la nouvelle garde vienne faire bouger les lignes et mette le feu au plateau dans les prochaines éditions.

Parallèlement au Festival, le Off grossit encore et toujours et les salles permanentes sont toujours fidèles au poste avec la plupart du temps une programmation exigeante, parfois aussi avec une baisse de régime. D’autres sortent vraiment du lot ou se ressaisissent. Comment ne pas parler de ces salles ? Le Girasole qui cette année a offert au public une excellente programmation, les Doms qui ont proposé une programmation plus aiguisée que ces dernières années, Présence Pasteur qui propose aussi du théâtre contemporain sur ses créneaux, le Chêne Noir qui semble avoir trouvé comme une sorte d’équilibre dans sa programmation d’été mais qui manque peut-être d’un soupçon d’audace, tout comme la Manufacture, pourtant toujours au top au niveau qualité mais qui paraît aussi se bercer d’un doux ronronnement d’année en année, le théâtre des Halles qui cette année propose encore de très belles choses mais qui défigure sa cour pour quelques créneaux de plus (comment malgré tout lui en vouloir avec sondirecteur particulièrement investi ?).

Puis il y en a tant d’autres : le Balcon, le Chien qui fume et le Petit Chien, véritables théâtres qui savent recevoir artistes et public dans d’excellentes conditions. Cette liste n’est bien entendu pas exhaustive et nombre de théâtres peuvent être considérés comme de magnifiques lieux de création. Mais, n’en déplaise à Monsieur Ribes, la qualité de certaines salles ne doit pas faire oublier la chienlit qui semble régner dans certaines autres salles que l’on ne peut décemment pas nommer théâtre ! Comment peut-on encore accepter que des comédiens n’aient quasiment pas de loges et se mettent à poil les uns sur les autres, que les spectateurs soient assis sur des planches de bois dans des salles non climatisées, que lesdits spectateurs attendent en plein soleil au milieu de la rue pour pouvoir entrer dans un garage-théâtre ou un resto reconverti ? Certains parlent d’une direction artistique dans le Off mais je n’en fais pas partie. Ne pourrait-on pas commencer par faire réellement appliquer une charte qui obligerait enfin les théâtres à respecter tout d’abord les artistes et les spectateurs qui font vivre Avignon et son Festival ? A charge aussi aux théâtres de ne pas se laisser charmer par les sirènes de one-man-show et autres bouffonneries en boîte vomis sur scène par quelques protozoaires toujours plus nombreux en juillet à Avignon.

Cette année encore a été l’année des petits psychodrames et autres piques entre gens du métier et journalistes. N’en déplaise à Monsieur Caubère, dont par ailleurs j’apprécie le travail, tout ce qui a été écrit dans le Monde sur le Off n’était pas faux et, n’en déplaise au Monde, Monsieur Caubère est en droit d’apporter quelques bémols à cet article. Certes cet artiste ne représente pas le Off à lui tout seul et encore moins AF&C, quoiqu’on puisse être surpris que AF&C ne se manifeste pas sur ce sujet. En cette « fin de règne » la relève de la présidence va-t-elle se jouer par média interposés ? Même Monsieur Ribes considère lui aussi que le Off n’a plus les tares d’antan…

Mais de quel Off parlent-ils ? Car il faut malheureusement bien se rendre à l’évidence, tout comme il y a le Festival d’Avignon et le Off il y a maintenant le Off du Off. Un haut-Off et un bas-Off ? N’allons pas jusque là, mais que dire du fossé qui semble se creuser un peu plus chaque année entre des programmations dignes d’une manifestation théâtrale qui se veut internationale et exportable pour reprendre les termes d’AF&C, et ce « foutoir » que Monsieur Ribes feint d’ignorer et qui consiste à se faire servir de la daube façon «Rires et chansons » par de grosses boîtes de prod parisiennes ? Etrange ! Comme ces petites histoires entre amis qui font écho au Lear de Monsieur Py : imaginez deux secondes le président d’AF&C demandant à ses successeurs qui l’aime le plus… Mais au delà du tumulte médiatique certains directeurs, comme de dignes descendants du duc de Gloucester, préfèrent se rencontrer en catimini pour « parler » de l’avenir du Off.

Juste un petit mot pour cette nullissime « Nuit du Off » proposée par France 4. Pitié ! Stop ! Ceux qui auront eu le courage d’y jeter un coup d’œil plus de 5 secondes comprendront mon désarroi tant sur le forme que sur le fond …

Et enfin un dernier trait d’humeur pour cette édition envers la mairie d’Avignon qui, cette année encore, n’a pas compris ce que propreté veut dire et que laisser des poubelles traîner dans les rues et obliger les gens à uriner dans les ruelles faute de WC publics ne donnait pas une belle image d’Avignon. Madame le Maire, votre ville pue durant le festival ! il serait grand temps de changer cela en mettant simplement à disposition des visiteurs des endroits propres prévus à cet effet. Peut-être pensez-vous qu’il est normal d’aller boire un coup à 6 euros par personne chaque fois que des besoins naturels se font sentir ? Crise oblige ou bon sens, le public semble préférer les ruelles. Peut-être faut-il demander au public d’aller uriner contre les murs de la mairie pour que vous compreniez enfin la nécessité d’agir ? Eh oui ! Madame le Maire,les toilettes de la Mirande sont sûrement très propres mais pas le reste de la ville.

Cette édition s’est donc malgré tout terminée sur de très belles propositions. Nous avons essayé avec tous les chroniqueurs de vous proposer une vision honnête, sincère et argumentée. Nous n’avons pas tout vu, loin de là… Contrairement à d’autres médias nous tenons avant tout à la qualité de nos sélections, plus qu’au « gargantuisme » théâtral qui consiste à tout voir et écrire trois lignes par spectacle. Nous tenons encore plus encore à une indépendance totale vis-à-vis des directeurs de théâtres, institutions, autres médias ou attachés de presse. Cette indépendance semble être cette année plus encore largement reconnue par les professionnels et le public, plus nombreux chaque années sur le « Bruit du Off ». Nous reviendrons l’année prochaine avec d’autres rubriques mais chut ! Ce sera la surprise …

Pierre Salles

Comments
One Response to “AVIGNON OFF 2015 : FIN DE PARTIE…”
  1. LÉPINE Henri dit :

    Votre article fait bien le tour de la question côté intendance… Continuez !…

  • J’Y VAIS / JE FUIS

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