LES FUREURS D’OSTROWSKY : FESTIN A MOURIR DE RIRE CHEZ LES ATRIDES

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LEBRUITDUOFF.COM – 14 juillet 2016

Les Fureurs d’Ostrowsky – Théâtre Gilgamesh du 7 au 30 juillet à 16h10; relâche les 11, 18 et 25 juillet.

D’emblée le ton est donné. Des têtes d’enfants sanguinolentes giclent de derrière une table, avant d’être soigneusement alignées sur le plateau de la dite table transformée en étal de boucher par un antique éphèbe, chaussé d’une paire de tongs (version moderne des cothurnes portés par les Grecs anciens), affublé d’un casque de type corinthien archaïque et dissimulant ses jambes viriles sous un tablier de boucher maculé d’hémoglobine.
C’est que ce soir-là, Atrée, qui ne manque ni d’esprit ni d’humour, s’est mis en quatre pour préparer à son frère jumeau, Thyeste, un plat cuisiné dont il garde seul le secret et qui – contrairement aux apparences – ne manque lui pas de corps. Il s’agit là de belles têtes persillées, amoureusement mijotées dans un « fait-tout » (sic). Ces charmantes frimousses ont appartenu naguère aux chers enfants de Thyeste avant qu’ils ne la perdent la face sous l’effet de la vengeance ourdie par leur oncle cocufié auparavant par son frère.

Pour laver son honneur bafoué, le fier Thyeste – à qui le dîner, pour divin qu’il fût, était resté quelque peu sur l’estomac – conseillé superbement par la fameuse Pythie de Delphes, imagina à son tour une vengeance savoureuse… Il violerait Pélopia, sa propre fille à lui, qui ayant épousé Atrée, accoucherait d’un enfant qui, de fait, devenait fils et neveu à la fois de son jumeau ; de quoi y perdre ses petits… Cet enfant désiré s’il en est, advenu certes au monde sous des auspices un peu compliqués, hérita du nom d’Egisthe qui deviendra – l’hérédité chargée à tendance à (re)produire des avatars – le meurtrier d’Agamemnon.

En effet, Clytemnestre, l’épouse du roi des rois et l’amante d’Egisthe, ayant mal pris que sa fille, Iphigénie, soit sacrifiée sur les conseils avisés de la même Pythie au Dieu Eole par son roi de père qui voulait mettre les voiles pour Troie avait armé – et ce « pour du vent » ! – le bras du fils incestueux de Thyeste et de Pélopia pour venger l’enfant de sa chair. Mais, comme la justice divine n’est pas qu’immanente, Egisthe sera à son tour trucidé par Oreste, le fils « normal » (avant de voir des Érinyes le poursuivre, « pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? ») de sa mère qu’il trucidera par la même occasion réalisant là un beau doublé ; tout ça pour satisfaire une prophétie de l’oracle d’Apollon…

Arrêtons ici l’évocation des grandes heures de ce jeu de massacre à l’ancienne qui fait toujours de la mythologie grecque un bestseller concurrençant les polars les mieux ficelés, pour préciser – au cas où cela serait passé inaperçu au spectateur distrait – que cette version grandguignolesque des Atrides – bagarreurs, incestueux, meurtriers à l’envi et « farceurs » de première – est rigoureusement exacte… Certes est-elle un peu arrangée à la sauce de deux génies du spectacle vivant (sic), que sont l’auteur et metteur en scène Jean-Michel Rabeux, flanqué de son acolyte Gilles Ostrowsky – décidément très colère ! – auteur et interprète inénarrable.

Mais ces « arrangements » culinaires, qui portent haut l’idée qu’on peut se faire d’un théâtre à la fois drôle et subtil, sont créateurs d’un plaisir palpable à en juger par l’enthousiasme qu’ils déchaînent dans la salle. Pour l’un et l’autre de ces clowns philosophes, le rire trouve sa force au cœur du tragique, il est un viatique dont notre monde en quête de consolation ne peut se passer. Alors avec une intelligence affûtée, chaque jour, sur le territoire où ils règnent en maîtres dérisoires et absolus d’un réel qui résiste, ils s’en donnent à cœur joie embarquant le spectateur conquis dans leur délire mythique.

Un illustre – encore – inconnu s’était invité ce jour-là à la table du nouveau théâtre Gilgamesh et, si l’on en croit les très chaleureux compliments qu’il a pu adresser à l’équipe artistique à la fin du spectacle, on peut se dire que les intrigues des Atrides ne l’ont pas – oh non pas du tout… – laissé indifférent… Peut-être tenait-il à remercier ce solo débridé de l’artiste qui, au travers de cette réalité fictive projetée à grand renfort d’hémoglobine, l’avait prévenu, lui M. Juppé, de ce qui se préparait au sein de sa propre « famille »… C’est là la force éternelle du théâtre : parler de la réalité présente au travers des mythes éternels.

Ses amis Républicains – de plus ou moins de trente ans – partent dans leur guerre annoncée de Troie (les prétendants sont même beaucoup plus nombreux) avec un « sacré » handicap : ils ont eux raté la représentation ! Mais qu’ils n’en soient pas « atridés » : comme la pièce se joue tous les jours jusqu’au 30 juillet, ils peuvent encore bénéficier d’une session de rattrapage… Si toutefois il reste encore quelques places pour pouvoir assister à cette formidable session de formation accélérée.

Yves Kafka

Comments
5 Responses to “LES FUREURS D’OSTROWSKY : FESTIN A MOURIR DE RIRE CHEZ LES ATRIDES”
  1. Le floch dit :

    Archi pénible, pas drôle du tout. Une grosse erreur d’aiguillage de la part de bdo. C’est un copain à vous le comédien ? Eh bien, il se fourvoie sacrément dans le registre comique. Quel ennui !!!

  2. Luco dit :

    Lourd, lent et bête.

    • Nicolas dit :

      Je suis totalement d’accord, ce spectacle n’est ni intelligent ni subtil ! J’ai passé une heure et demi à regarder un cabotin faire des grimaces sous couvert de « mythologie » et de pseudo culture. Il n’a rien à dire, en témoignent ces gesticulations insupportables et ce genre de spectacle aurait plutôt sa place au Paris. Je suis très étonné que le bruit du off mette en avant ce genre de spectacle mais finalement si M. Juppé était dans la salle alors…

  3. Fournier dit :

    Je suis venu j’ai vu déçu !

  • J’Y VAIS / JE FUIS

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