ERIC-EMMANUEL SCHMITT, « MONSIEUR IBRAHIM ET LES FLEURS DU CORAN »
LEBRUITDUOFF – 16 juillet 2016
« Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran » mes : Anne Bourgeois de et avec Eric-Emmanuel Schmitt – Le Chêne Noir – 17h15.
« Monsieur Ibrahim » c’est l’Arabe de la rue Bleue, et « Momo » c’est Moïse, cet enfant juif de 12 ans, solitaire, abandonné par sa mère et élevé par un père avocat, distant et taciturne. A l’aube de son adolescence Momo va s’ouvrir à la vie, guidé par ce vieux sage. Mais Monsieur Ibrahim n’est pas arabe, la rue Bleue n’est pas bleue et Momo va découvrir à ses côtés tout ce que son père et la vie n’ont jamais pu lui donner.
Éric-Emmanuel Schmitt a écrit cette pièce en 2001 pour le comédien Bruno Abraham-Kremer. Après que Francis Lalanne ait repris ce rôle, c’est comme par accident, pour le remplacer, que l’auteur a décidé de jouer lui-même cette pièce. Non sans plaisir semble-t-il…
Eric-Emmanuel Schmitt est Monsieur Ibrahim et Momo. On ressent chez le comédien la présence presque détachée du narrateur, celui qui donnerait l’éclairage nécessaire au spectateur afin de comprendre les tourments du jeune Momo et l’immense bienveillance de Monsieur Ibrahim.
Les éléments du décor permettent en quelques pas de passer de l’appartement familial et du fauteuil club de son père à l’épicerie de Monsieur Ibrahim ou à l’entrée d’une maison close ou sur les bords de la manche à Cabourg.
Comme il le dit lui-même, Eric-Emmanuel Schmitt n’est pas un comédien mais on ne peut assurément pas lui reprocher de ne pas comprendre les mots de l’auteur. Il nous offre son texte avec son extraordinaire sensibilité. Tel un peintre, il nous dévoile par petites touches l’histoire d’une rencontre, la rencontre de ce jeune fauve, déjà lassé de tout mais ne sachant rien avec ce vieux sage qui l’apprivoise avec bienveillance et humanisme. Les mots sont doux et sucrés, comme une petite oasis dans la chaleur avignonnaise.
Pierre Salles
photo © L’Ombre d’un Instant