INTERVIEW : SIDI LARBI CHERKAOUI, « BABEL 7.16 »
FESTIVAL D’AVIGNON : Sidi Larbi Cherkaoui – Damien Jalet : « Babel 7.16 » – Cour d’Honneur – jusqu’au 24 juillet 2016 – 22h.
Sidi Larbi Cherkaoui, c’est un peu une vigie du monde, une forme de sentinelle qui zieute tout et tout le temps ! Avignon se trouve être un de ses belvédères privilégiés et un Jules Verne aurait bien pu le décrire venant « fouiller l’horizon ». Le public avignonnais l’aura découvert en 2002 dans un « Sujet à vif » avant d’être invité si ce n’est désiré pour investir un des grands plateaux du Festival. Ce sera celui du cloître des Carmes en 2003, sauf que sa proposition, « Foi », ne sera jamais présentée, le Festival se voyant contraint de ranger les trompettes, conflit social « oblige » .
Témoin de ce psychodrame inutile et vain, Sidi Larbi Cherkaoui reviendra en 2004, en 2008 puis en 2012 pour un « Puz/zle » qui déconstruira la carrière de Boulbon, pas moins. Mi-belge (Flamand), mi-marocain ; Sidi Larbi Cherkaoui revient avec son complice Damien Jalet (Wallon) pour une (re) création : « Babel 7.16 ». Ces chiffres, accolés à la tour du même nom, ne sont ni plus ni moins que la datation de son dernier coup d’œil jeté sur un monde dont les événements font résonner toute son histoire…
Sidi Larbi Cherkaoui, Damien Jalet vous êtes, à vous deux, une belle représentation de toute la Belgique. Elle vient de saigner abondamment, comment vivez-vous cette sale période ?
Damien Jalet : De près, de très près… J’étais dans la station de métro la veille, des amis y étaient le jour même… Nous vivons cette sale période, comme vous dîtes, de trop près. C’est une gifle d’une incroyable violence, quelque chose qui vient tout décaper.
Sidi Larbi Cherkaoui : Seule la réconciliation de ces mondes tellement différents pourra nous tirer vers le haut. Sans le dessin, je n’aurai jamais abordé la danse et la chorégraphie et si l’on revient aux attentats de janvier, à Paris, j’aurai honte de vivre dans un pays où le dessin est… contrôlé. Pour autant, il faut comprendre la violence ressentie par l’autre. En étant belgo-marocain, élevé dans la religion, dessinateur puis chorégraphe et enfin homosexuel ; je vis le problème de plein fouet tout en rapprochant toujours plus de cette communauté dont une grande partie comprend et accepte. (…)
En partenariat avec INFERNO, art et Scènes contemporaines