CLÔTURE AVIGNON OFF : QUEL BILAN POUR CE FESTIVAL 2016 ?
LEBRUITDUOFF – 30 juillet 2016.
Voilà donc venue, après la fin du 70e Festival d’Avignon dirigé par Olivier Py, celle de ce Off 2016 sous la nouvelle présidence de Raymond Yana. L’actualité brûlante, d’une tristesse immense, doit nous conforter dans notre besoin de culture et d’ouverture au monde. De sinistres crétins, ennemis de l’humanité, attisent les haines et les différences, mais la culture, les écrivains, les artistes sont là pour nous rappeler chaque jour que ces différences sont une force pour l’humanité, que répondre à la barbarie par la barbarie ne peut qu’amener à plus de chaos.
Le Festival « IN » d’Avignon aura marqué le public et la presse par l’actualité des œuvres proposées. Olivier Py a bel et bien réussi son pari d’un Festival dans son temps et marqué par un désir de dialogue et d’ouverture. Si l’on pouvait émettre quelques réserves sur la pertinence de la programmation des deux années précédentes, on peut clairement parler cette année d’une totale réussite. Spectateurs et presse émettent ici et là des avis élogieux et les chiffres de la fréquentation en hausse confirment la tendance.
Côté OFF, c’est cette année, sous la nouvelle présidence de Raymond Yana qui succède à Greg Germain, qu’il nous a été permis de constater enfin quelques (très légers) changements dans ce Festival et un autre ton, plus agréable sans doute. N’oublions pas cette phrase du nouveau Président, que nous saurons lui rappeler : « Parler plus de qualité que de quantité, parler plus du nous que du je… ».
Nous nous accordons à laisser donc à Raymond Yana le temps de déployer ces ajustements unanimement approuvés et, surtout, de mettre en œuvre sa gestion qui se voudrait – enfin – collégiale. Il semble que, grâce à cette nouvelle présidence, un rapprochement, ou tout au moins un dialogue devienne possible entre le Festival « In » et le Off. Peut-on donc enfin caresser l’espoir qu’un jour les dates du Festival et du Off soient les mêmes ? Constatez donc avec nous comment, à l’exception des spectacles déjà pleins depuis longtemps, certaines salles sont vides en cette semaine inutile de rallonge du Off…
Reste également à espérer un sursaut de la mairie, très absente sur le plan culturel cette année. Même le pot donné par le Off pour ses 50 ans n’a pas eu l’honneur de la présence de nos élus, peut-être bloqués eux aussi dans quelque embouteillage dû à une gestion calamiteuse des parkings et des sens de circulation souvent absurde.
Chacun aura pu remarquer le manque de côté festif du Off cette année. L’actualité ? Bien sûr et c’est normal, mais pas que… Le bruit du Off se bat depuis longtemps afin qu’AF&C ou la mairie interdisent l’affichage intempestif et vulgaire de 4 mètres sur 3, qui donne une image déplorable du Off… Mais de là à interdire un peu partout les affiches comme la mairie l’a fait, il y un monde ! Ce manque d’affichage conférait parfois un côté lugubre à certains coins de la ville.
Côté théâtre, il semble que la tendance des précédentes éditions se confirme avec cette année encore, une montée en puissance des « poids lourds ». On peut citer entre autres la Manufacture qui avait pour cette édition 2016 une fantastique programmation et faisait montre d’un très bel accueil du public. Les Halles de Timar nous ont également offert de très beaux moments de théâtre et le Chêne Noir, tout comme le Chien qui fume et le Balcon, parviennent à tirer leur épingle du jeu, malgré un manque relatif de propositions réellement novatrices, peut-être en relation avec la réduction des subventions de la mairie…
Le théâtre des Doms, dont le niveau ne nous avait pas convaincu depuis deux ans, hausse le ton et, après quelques errances, revient peu à peu dans la cour des grands avec quelques belles propositions. Le Petit Louvre stagne et manque d’identité. Il dispose toutefois d’une bonne marge de manœuvre avec ce magnifique lieu qui pourrait devenir magique et emblématique. Certaines salles, telles le Théâtre Actuel, manquent elles-aussi de personnalité et font peu montre de recherche créative. Dommage que des lieux si prometteurs n’aient pas plus d’audace dans leur programmation. Chers directeurs de théâtre, ne nous en veuillez pas de ne pas citer le vôtre… Le plus important est que nous y soyons venus et qu’il se retrouve dans nos « Tops ».
Plusieurs lecteurs, et même certains directeurs de salles, ont fait une étrange remarque cette année au Bruit du Off, regrettant qu’il n’y avait pas assez de spectacles recensés dans la rubrique « Je Fuis » ! Nous n’en sommes pas désolés… loin de là ! Cela montre que, d’une part notre sélection initiale était la bonne et que nous préférons chroniquer de bons spectacles, et que, d’autre part, nous ne sommes pas aussi agressifs que certains pourraient le penser, à tort. Ce n’est vraiment pas par plaisir que nous allons voir de mauvais spectacles, c’est juste le fruit d’un concours malheureux de circonstances. Du coup, cette année a été pour nos chroniqueurs une plutôt bonne cuvée.
Nous ne sommes pas non plus désolés de ne pas être allés dans les supermarchés du théâtre voir de futures ex-stars du petit écran ou de la radio, promus par quelques sinistres producteurs qui ne voient dans le théâtre et dans ce festival qu’un gigantesque tiroir-caisse. Nous pourrions aisément en dresser une liste, mais à quoi bon tant la sélection que nous vous proposons permet de passer de formidables moments dans de magnifiques lieux.
Sachez aussi que, comme chaque année, nous avons eu quelques échos de salles exploitant les artistes reçus dans de déplorables conditions. AF&C aurait précisé à ses troupes que des actions sont envisagées afin d’écarter du Festival Off ces Thénardier du spectacle vivant. Le Bruit du Off, qui a toujours soutenu les artistes et les directeurs de salles respectueux, sera particulièrement attentif sur ce sujet.
Bien sûr, nous avons sûrement loupé quelques bons spectacles mais, honnêtement, en regardant le fil des chroniques, vous pouvez aisément constater que notre sélection initiale correspond quasiment à ceux appréciés par beaucoup, au bout d’une dizaine de jours de OFF. Reste à vous, chers lecteurs, de continuer à nous faire confiance et, pourquoi pas, à nous rejoindre dans notre travail de chroniqueurs, si le cœur vous en dit, et si, tout comme nous, des journées de 10 h à minuit entre théâtre et écriture, en toute indépendance et honnêteté, ne vous font par peur.
N’oubliez pas que le Festival est terminé mais que les artistes, souvent dans des situations précaires, continuent à proposer leur travail durant toute l’année à Avignon et partout en France. N’oubliez pas que la culture est l’un des moyens fondamentaux que nous avons à notre portée pour découvrir et comprendre l’autre et la complexité du monde. N’oubliez pas de fuir le prêt-à-penser que quelques malfaisants, avides de « temps de cerveau disponible », veulent nous imposer. N’oubliez pas d’être avides d’apprendre de l’autre et…
A l’année prochaine ! Sur le BDO évidemment !
Pierre Salles
Image : Message de dialogue et de paix entre deux communautés de pensée a prori inconciliables, la rencontre à Castel Gandolfo entre Vittez le communiste et le pape Jean-Paul II, conversant librement sur le théâtre et le monde en général, a inspiré la pièce éponyme donnée ce Off 2016 au Chêne Noir. A méditer…
Oui merci pour les bons conseils, à part les Fureurs d’Ostrowski… Mais sans rancune !!!! et à l’année prochaine bien évidemment.
Un grand merci au Bruit Du Off pour l’échange et les bons conseils.