« LE SONGE D’UNE FEMME DE MENAGE », LA MAGIE DU THEÂTRE…
LEBRUITDUOFF.COM – 15 juillet 2017
AVIGNON OFF : « Le songe d’une femme de ménage » d’Aurélie Imbert, jouée et mise en scène par l’auteur au Théâtre Les Ateliers d’Amphoux jusqu’au 30 juillet à 14 heures, relâche les 13, 19, 24 juillet.
La magie du théâtre
Culottée cette jeune Marseillaise de 28 ans ! Pour sa première création au Festival d’Avignon, elle s’attaque ni plus ni moins aux personnages de William Shakespeare.
Certes, elle ne se mesure pas directement à Hamlet, Macbeth, Othello, Desdémonde ou encore Richard III. Non, Aurélie Imbert (Prix de la meilleure actrice aux rencontres internationales de théâtre), poétesse de vocation, se contente plus modestement du rôle d’une femme de ménage dans un théâtre.Et qui plus est une femme de ménage polonaise, bref le bas de gamme dans le monde des techniciennes de surface, depuis que l’Espagnole ou la Maghrébine sont devenues trop chères pour des saltimbanques qui tirent le diable par la queue.
Pendant que les comédiens répètent sur scène « La Nuit des Rois », une pièce baroque du grand William où les intrigues jouent avec les faux-semblants, Telmah (Hamlet à l’envers) la jeune femme de ménage polonaise plutôt mal embouchée, s’insurge contre ces acteurs qui laissent le théâtre dans un état épouvantable après avoir joué ; elle les maudit, tout en remettant de l’ordre dans leur désordre…
Seulement voilà, la magie du théâtre va prendre la jeune femme dans ses filets et la faire entrer, presque malgré elle, dans la peau de certains personnages par le truchement de leurs habits de scène. Elle passe ainsi d’une émotion à l’autre en voyageant dans cet univers shakespearien qui recèle tous les sentiments du coeur humain. Sous les yeux du public qu’elle interpelle sans cesse dans une sorte de happening, elle se transforme pour lui offrir une vue globale du théâtre avec ses fantômes et ses peines d’amour perdues…
Aurélie Imbert incarne ainsi plus d’une dizaine de personnages, masculins et féminins, et le texte final de son cru est magnifique. Dense, puissant et surtout poétique, il se distille comme un alcool de qualité. Ce qui donne un spectacle dynamique, séduisant, intelligent avec une mise en scène maîtrisée, aussi sobre qu’habile où les outils scéniques sont utilisés avec beaucoup de subtilités.
Très créatif, original et enlevé, ce songe d’une femme de ménage » d’avant et d’après Shakespeare » nous a scotché.
Chapeau l’artiste !
André Baudin
Comment Shakespeare peut nous toucher aujourd’hui, comment le travail d’acteur attrape le spectateur – un moment touchant et intelligent, une perle dans le off
Un moment de pure grace- cette actrice fascine aussi bien par son talent que par son intelligence.
Un seul regret, néanmoins: le spectacle-cadeau ne dure que 60 minutes, alors qu’on aurait aimé que ce huis-clos délicieux ne s’arrête jamais.
Merveilleux!