A LA MANU : « AUCUN LIEU », VERITABLE DESTRUCTION SENSORIELLE…
LEBRUITDUOOF.COM – 18 juillet 2017
AVIGNON OFF : « Aucun Lieu » de Franck Vigroux – La Manufacture – du 15 au 22 Juillet 2017 – Relâches le 19 Juillet
Destruction sensorielle.
Franck Vigroux propose un opéra électronique sur la grande scène de la patinoire de Saint-Chamand. Il compose et interprète des musiques contemporaines enregistrées ou live. Pour « Aucun lieu » , il s’associe au vidéaste Kurt d’Haeseleer et à la danseuse Azusa Takeuchi.
La scène est séparée par deux écrans, le premier est au devant le second est espacé de plusieurs mètres dans la profondeur. Ils sont composés de toiles et de tulles. Ils occupent toute la largeur et la hauteur. Sur ces écrans partiellement transparents, les vidéos live sont projetées principalement en noir et blanc, parfois en couleur. Franck Vigroux aux consoles se trouve dans le noir du fond de scène. Azusa Takeuchi évolue entre les écrans. Son corps est très faiblement éclairé afin qu’il se mélange avec les images projetées. De nombreuses lumières sont disposées au sol.
Tout commence par une projection monochrome d’un monde en explosions compulsives, énormes, ultra puissantes.
L’effet d’optique des images mêlées nous plonge dans une multi-dimension renforcée par les bruitages industriels et grésillants. On distingue le corps de la danseuse qui s’étire à l’extrême, se dilate et se fond dans ce monde fait de rectitude. Les sons sont assourdissants. Une forte lumière stroboscopique, aveuglante, face au spectateur, appuie avec force insistance le sentiment de destruction.
S’ensuivront des apparitions de corps nus enchevêtrés, ondoyants, la danseuse proche du sol apparaît légèrement puis se meut au ralenti ; elle gardera ce rythme tout au long du spectacle. Elle avance vers le front de scène, se rabaisse, et puis viennent les bêtes. Les images sur le bas des écrans donnent l’impressions de meutes d’animaux qui se déplacent lentement, à moins que ce ne soit des êtres humains à quatre pattes. Azusa Takeuchi semble nous apparaître, est-ce elle ou une image ? Un spectre, un hologramme ?
D’autres tableaux où on la voit se contorsionner sans reposer sur le sol, en lévitation, nous déstabilisent quant au réel-irréel de notre perception. Malheureusement, les larsens et autres nuisances sonores associés à des lumières aveuglantes nous enjoignent à nous protéger les sens plutôt qu’à se laisser emporter dans cet entre-monde. Viendront ensuite des représentations de scènes de plage ou de travellings le long de maisons de villégiatures colorées ou de matières organiques. La projection vidéo nous emporte dans les années soixante-dix quatre-vingt, à l’ère des films super-8. Et toujours ces sons agressifs. Le tableau final sera dans la même veine, images et effets d’optique très irréels et hypnotiques, danseuse fondue dans l’image et sons douloureux.
Il y a un vrai travail de création aussi bien des images, de la chorégraphie et du son. Il aurait pu nous emporter loin de notre enveloppe charnelle et de notre conscience. Mais il y’a cette destruction sensorielle. On ne peut voyager dans sa tête lorsque l’on est agressé par des lumières aveuglantes ou des sons violents qui nous font boucher les oreilles et les yeux. C’est fort dommage, nous ne retiendrons que les images de Kurt d’Haeseleer mêlées à la danse de Azusa Takeuchi.
Annick et Emmanuel Bienassis
j’ai vu ce spectacle à la Patinoire, il s’agit d’un ovni dans lequel on rentre ou pas, pour ma part ce fût un véritable voyage cosmique , sidérant. Je ne comprends pas « nuisances » sonores alors qu ‘il s’agit bien de musique contemporaine, pas plus que « contorsion » pour de la danse contemporaine….