AUX HIVERNALES : « D’OEIL ET D’OUBLI », L’ABSENCE MAGNIFIEE…
LEBRUITDUOFF.COM – 22 juillet 2017
AVIGNON OFF 2017 : » D’œil et d’oubli » – Nans Martin – a été donnée au CDC Les Hivernales jusqu’au 19 juillet.
L’absence magnifiée…
» D’œil et d’oubli » est une pièce autobiographique, mais non autocentrée ! Proposée par le chorégraphe et prometteur, Nans Martin, elle puise sa force et sa subtilité dans le sensible, le sien…
Cette pièce fut crée récemment aux Ateliers de Paris Carolyn Carlson, et reprise dans l’édition 2017 des Hivernales d’Avignon. Nans Martin y soulève l’absence et en dit: » Il faut lire » D’œil et d’oubli » comme la suite d’une histoire dont vous ignorez le commencement et ne connaissez pas non plus la fin « . Le ton est donné par de légers clairs obscurs qui ainsi amplifient l’ambiance intimiste, du Caravage au plateau !
La pièce démarre par une interprétation » a cappella » de la » Jeune fille et la mort » de Schubert : saisissant, notamment par le fait que les voies soient hésitantes. Les danseurs / chanteurs sont plongés dans l’obscurité. La lumière, discrète, fait son entrée et laisse entrevoir des corps en mouvement sur fond de musique » live » électronique. Seul objet scénographique ; une construction en bois s’élève sur scène. Les six danseurs occupent l’espace sans jamais se jauger. La guitare de Sylvain Ollivier commence à se faire entendre, tout comme les corps semblent trouver un point d’union : cette construction qu’ils modifient ensemble progressivement. Chacun s’offre des poses silencieuses, des accélérations et des contorsions. Pas de grandes envolées mais le public est tenu en haleine tant la richesse et l’esthétisme chorégraphique sont là ! Les solos, qui pourraient s’apparentés à une transe spectrale, concourent vite à une sensation de légèreté, à une sensualité.
L’œil ?
Pour le spectateur, une production d’angles de vue multiples l’invitent à balayer des yeux l’ensemble des interprètes. Et à entrer dans celui de Nans Martin…
L’oubli ?
La chorégraphie se veut déséquilibrée, désynchronisée ; six solos évoluent en plateau. L’oubli en métaphore, les souvenirs du chorégraphe semblent floutés ou multiples ? L’absence de début et de fin opère également dans ce sens…
Cette création est infiniment belle tant elle capte l’émotion du spectateur.
Audrey Scotto
Photo © Nina Flore Hernandez