INTERVIEW : OLIVIER BLIN, DIRECTEUR DU THEÂTRE DE POCHE, BRUXELLES
LEBRUITDUOFF.COM – 27 juillet 2017
Interview d’Olivier Blin, directeur du « Théâtre de Poche » à Bruxelles – Co-directeur de l’Eldoradôme présent au Off d’Avignon 2017.
BDO : Vous êtes directeur du « Théâtre de poche », comment définissez-vous ce théâtre ?
Olivier Blin : En effet je suis directeur du théâtre de poche qui est un vieux théâtre bruxellois qui a maintenant 70 ans, il s’appelle théâtre de poche car il est né dans un appartement dans les années 50 mais aujourd’hui cela ressemble un peu à la Cartoucherie. C’est au milieu d’un bois avec une belle salle de 250 places et un répertoire situé avant tout sur l’idée d’engagement, car ce qui me fascine au théâtre c’est l’idée du témoignage, de ces gens qui ont vécu quelque chose et qui ont envie d’en parler.
BDO : C’est avant tout un théâtre de création ?
Olivier Blin : Effectivement, nous montons environ une dizaine de créations par an. C’est un théâtre public et nous pourrions en faire plus mais j’aime aussi garder mes spectacles un peu plus longtemps à l’affiche avec un minimum de quatre semaines.
BDO : Avec des tournées à l’issue des représentations ?
Olivier Blin : Oui bien sûr ! Mais la Belgique est quand même un petit pays, on joue 25 ou 30 fois au théâtre de poche, puis on tourne en Wallonie. On peut jouer jusqu’à 80 fois en Belgique mais pas plus, il est donc maintenant important pour nous de nous ouvrir vers des réseaux internationaux sur la francophonie. J’ai beaucoup de respect pour l’argent public et un point important au niveau économique est d’amortir les créations, mais pas seulement, il est pour moi aussi essentiel de privilégier les rencontres autour des thèmes que nous défendons, provoquer des rencontres entre ce qui se dit sur le plateau et les spectateurs où qu’ils soient, comme par exemple avec le spectacle « On the road A… » présenté ici pour le Off avec l’histoire de cet homme qui cherche ses racines. En tant que producteur je souhaite aussi que ce spectacle soit joué dans des lieux où le comédien puisse avoir des racines, comme un écho a son histoire. Voilà bien un spectacle que j’aimerais voir tourner sur l’ensemble de la francophonie car ça m’intéresserait de savoir comment résonne par exemple ce spectacle au fin fond de l’Afrique. Avignon est avant tout pour nous un espace de rencontre permettant des ouvertures sur cette francophonie et pas seulement un marché, même si cet aspect n’est évidemment pas à négliger.
BDO : Vous êtes présent cette année pour ce Off avec « l’Eldoradôme », une structure itinérante qui a la forme d’un igloo de 16 mètres de diamètre, comment peut-on définir ce lieu ?
Olivier Blin : L’Eldoradôme est né de la rencontre de trois compagnies, nous avons fait comme les maquignons, on s’est tapé dans la main et on s’est dit « On y va les gars ! ». Il y a une compagnie française qui s’appelle « Les mélangeurs » et puis le Théâtre de poche de Bruxelles et le Théâtre de l’Ancre de Charleroi. Chacun a mis dans la corbeille ce qu’il avait, comme par exemple une grande technicité pour « Les Mélangeurs ». Le Théâtre de poche a mis sa programmation au service de ce lieu dans la mesure où nous avons une marge de financement public. Nous sommes avec le Théâtre de l’Ancre sur un répertoire similaire ou parfois complémentaire et nous avons d’ailleurs coproduit un spectacle joué au Théâtre des Doms. Donc oui, nous avons une vraie série de projets qui vont se dérouler en commun au sein d’une belle aventure.
BDO : Quel retour avez-vous concernant l’Eldoradôme pour son premier festival ?
Olivier Blin : De très bons retours, les spectateurs ont très vite identifié cette nouvelle « salle » et puis on défend aussi la vision d’un collectif où les spectacles se répondent.
BDO : Est-il prévu de faire tourner cette salle itinérante en France ?
Olivier Blin : Effectivement ! C’est aussi un axe sur lequel nous travaillons, même si rien n’est fait pour le moment, mais il est vrai qu’il y a des demandes qui vont dans ce sens-là. Disons que pour le moment notre plaisir est de se retrouver à trois opérateurs et de réussir ce pari et ce Festival. La suite sera une autre histoire à écrire ensemble, car ce qui m’intéresse aussi dans le théâtre c’est l’aspect aventure et romanesque des situations, et ce qu’on vit là à Avignon a quelque chose de romanesque. Donc pour le moment, c’est avant tout une formidable aventure humaine qui prend forme et qui fonctionne. Nous en profitons tous ensemble avec bien sûr les spectateurs présents au rendez-vous.
Propos recueillis par Pierre Salles
Avignon juillet 2017
photo : On the road… A, joué à l’Eldoradôme, Off 2017