« SACCO & VANZETTI », MOURIR DEBOUT
LEBRUITDUOFF.COM – 8 juillet 2018.
AVIGNON OFF 2018 : « Sacco et Vanzetti » – Jean-Marc Catella et François Bourcier – théâtre Notre-Dame à 12h40 – du 6 au 29 juillet.
Allez voir ou revoir « Sacco et Vanzetti » que Monsieur Max production reprend au théâtre Notre-Dame à 12h40. Avec toujours Jean-Marc Catella, mais, cela vaut d’être signalé, sans le regretté Jacques Dau, disparu prématurément l’an dernier, et pour lequel cette pièce était indispensable parce que salutaire.
Elle nous raconte en effet une histoire individuelle datée mais pourtant universelle et hélas toujours d’actualité. Les valeurs humaines qu’elle défend sont inexorablement en péril et fragiles.
Et puisque l’amitié est partie essentielle de cette aventure, il est brillamment remplacé par François Bourcier qui signe aussi l’excellente mise en scène, simple, efficace, riche en détails malgré l’épure et forte de tableaux évocateurs.
Dans une atmosphère de Cinéma noir et blanc rappelant l’ambiance des années 20, ils incarnent à merveille le duo devenu emblématique de la lutte contre l’oppression des peuples, victime de la violence répressive d’une Amérique en proie à « l’hystérie rouge ».
Accusés à tort d’actes terroristes, Bartolomeo Sacco, artisan cordonnier et Nicola Vanzetti, vendeur ambulant de poisson, cumulent, aux yeux de l’opinion américaine bien pensante, les circonstances aggravantes : immigrés, italiens et sensibles aux idées anarchistes de surcroît… coupables déjà avant même d’être suspects.
Les dés sont pipés d’avance et nous assistons, impuissants, à un simulacre de procès, alimenté par les autorités policières de preuves peu convaincantes, extorquées à coup de menaces et d’intimidations, mais qui les condamnera sans faiblir à la chaise électrique en 1921.
Et malgré l’aveu d’un autre anarchiste d’avoir commis les crimes pour lesquels on les a jugé, ils n’obtiendront pas la grâce tant espérée, le gouverneur du Massachusetts n’y trouvant aucun intérêt politique utile.
Après une longue et douloureuse attente, internés à l’isolement, emprisonnés à deux pas de l’instrument de leur torture qui fait régulièrement grésiller les ampoules blafardes de leurs cellules, ils seront exécutés en 1927.
La lenteur et l’injustice de la procédure judiciaire indignera l’opinion publique internationale et provoquera un embrasement de révolte populaire qui réhabilita leur mémoire à jamais, et bien avant l’heure officielle.
La force de cette pièce est là, savoir nous montrer une petite histoire devenue grande.
Grave et profonde lorsque nous voyons les deux accusés assaillis par le doute et la peur.
Drôle quand les témoins de l’Affaire interviennent.
Intelligente quand les chaises campent le décor ou les personnages, que les costumes se métamorphosent.
Visuelle avec ses projections d’archives ou ombres portées.
Politique jusqu’au bout, dans une scène finale magistrale où le choix de rester libre, digne et debout est possible même face à l’injustice et la mort.
Joëlle Gabella
Image M. Max productions
Toujours aussi splendide et émouvant. Un grand Jean-Marc Catella !
Bonjour,
Merci pour cet avis sur la pièce qui est, il est vrai, un petit bijou de Théâtre.
Permettez-moi cependant de corriger une erreur: le nom des deux protagonistes est
NICOLA SACCO & BARTOLOMEO VANZETTI (vous avez croisé les noms et prénoms).
Merci d’avoir cité l’immense JACQUES DAU.
Et on peut préciser que la pièce a été écrite par Alain GUYARD (qui est au festival d’Avignon avec la PHILO
FORAINE.