UNE « MOUETTE » FRAÎCHE ET LEGERE
LEBRUITDUOFF.COM – 18 juillet 2018.
AVIGNON OFF. « La Mouette » – mise en scène par Philippe Person – Au théâtre du Balcon à 12h10 du 6 au 28 juillet 2018, relâches les 17 et 24 juillet
Dans «La Mouette», Treplev se confronte à sa mère Arkadina, actrice à succès, et cherche en vain à lui faire reconnaître sa valeur. Il veut transformer le monde, et pour cela, réinventer la scène, le théâtre. Il veut aussi séduire Nina, jeune actrice à qui il confie le rôle principal de son spectacle. L’amour y est aussi une grande source de souffrance, Treplev aime Nina qui aime Trigorine, lequel n’aime personne mais est aimé à la fois par Nina et par Arkadina. Une ronde de ratages, de malentendus, de douleurs. Dans le mot russe la «mouette», «tchaïka», il y a le verbe espérer vaguement.
La scène s’ouvre dans une ambiance champêtre, un grand arbre en fleur entouré d’une pelouse, arbre qui se ternit au fil des saisons tout comme les vies des personnages de cette comédie-dramatique.
Les comédiens sont cinq sur scène, Treplev, Nina, Trigorine, Arkadina et l’hôte, sans cesse en mouvement, sortent, entrent, se croisent ou repartent sans se croiser. Ces va-et-vient témoignent des non-dits, des quiproquos, des petits arrangements entre tous. Un des seuls moments où le petit groupe sera réuni, est pour regarder Nina répéter son rôle principal que Florence Le Corre interprète en « sur-jouant » pour bien accentuer l’absence de talent évident de Nina. Ce rythme soutenu s’apaise peu à peu en symbiose avec les désillusions de chaque personnage, lorsque tout espoir amoureux, de célébrité ou de richesse est anéanti. Chacun se retrouve face à sa lucidité, toutes les traces du tableau sublimé s’effacent sous nos yeux, on balaye les feuilles mortes, on replie la pelouse, les derniers rangent les chaises.
Cette vision de « La Mouette » présentée par Philippe Person, qui reste fidèle au texte original, en fait une « comédie légère ». Les passages d’état en ébullition à l’état de désillusions sont progressifs, accompagnés délicatement par les nuances de couleurs jusqu’à la totale extinction. Une version sympathique et légère de par la fraîcheur que la compagnie apporte.
Béatrice Stopin