« LES CARNETS D’ALBERT CAMUS », A MI-DISTANCE DU SOLEIL ET DE LA MISERE

LEBRUITDOFF.COM – 23 juillet 2018.

AVIGNON OFF : « Les carnets d’Albert Camus » – Stéphane Olivié Bisson, Bruno Putzulu – Théâtre du Chêne Noir – Du 6 au 29 juillet – Relâche les 9, 16, 23 juillet

« Tout condamné à mort aura la tête tranchée »
Un personnage, Camus, installé dans un fauteuil, écoute maintenant la voix de Fernandel , hilare, déclamer : « Tout condamné…(fou rire)…à mort …(fou rire)aura… (fou rire) la tête tranchée ».

Pas banale cette introduction quand on sait qu’il a gardé une anecdote significative où son père revenant « du spectacle », d’une exécution sur la place publique d’Oran, manifesta son dégoût devant ce sinistre spectacle d’une exécution capitale. Pas banal, non plus, de se présenter face au public, assis dans un fauteuil rouge censé représenter tous ses « combats », son journal dont il est rédacteur en chef, ses positions sur la peine de mort.

Stéphane Olivié Bisson incarne Albert Camus dans un décors épuré: Au mur un grand panneau de toile, blanc, lumineux ( la clarté..le soleil d’Algerie…) faisant écho avec, sur le sol un grand rectangle de pierre blanche ( la terre d’Algerie, le bord de mer…un cimetière…). Deux chaises, un fauteuil rouge ( référence à son journal Combat )

Stéphane Olivié Bisson fait penser à Camus pris en photo à Oran sur le balcon au n° 65 de la rue d’Arzew. Même nonchalance. Sa voix ! Est-ce que Camus avait cette voix, feutrée, douce, captivante ? Comme un supplément d’âme.Le décor est planté.

Puisés dans les Carnets, écrits à partir de mai 1935 jusqu’au mois de décembre 1959, parus à titre posthume le 3 mai 1962, le comédien va nous proposer quelques récits autobiographiques, mais aussi, surtout dirai-je, le cheminement de sa pensée. C’est une œuvre monumentale. Au cœur de cette écriture fragmentaire, la difficulté de cet exercice, ce récit, ne peut se résumer, sous peine de trahir.

Quoi qu’il en soit, le choix des citations, bien interprétées, leur mise en scène, nous révèlent, s’il le fallait, encore, Camus poète : « Alors que les cyprès sont d’ordinaire des taches sombres dans les ciels de Provence et d’Italie, ici, dans le cimetière d’El Kettar, ce cyprès regorgeaient des ors du soleil ».

Camus philosophe : « les doutes c’est ce que nous avons de plus intime ». « l’intellectuel est quelqu’un dont le cerveau s’absente de lui même ». « Ce que je veux dire : on peut avoir, sans romantisme la nostalgie d’une pauvreté perdue. Une certaine somme d’années vécues misérablement suffisent à construire une sensibilité. »

Camus écrivain : tourmenté, n’a pas connu son père, sa mère est muette: « elle souffre silencieusement ». Intellectuel engagé dans son temps. Rupture avec Sartre, le communisme. Prix Nobel de littérature en 1957, vilipendé par « cette gauche dont je fais partie, malgré moi et malgré elle ». « Trois ans pour faire un livre , cinq lignes pour le ridiculiser et des citations fausses ».

La critique le boude, le pense comme un écrivain fini. Ce qu’elle ne tolère pas c’est sa mère illettrée, sa jeunesse, 44ans, sa passion pour la vérité, son succès auprès des femmes.Découverte de Paris en mars 1940. Refusé par l’armée à cause de sa tuberculose. Il n’aime pas. « Paris est une jungle et les fauves y sont miteux ».

Et surtout l’Algerie, son Algérie natale.

« Au cœur du chaos d’un homme et au centre de la fabrique d’une œuvre qui, par la simplicité de sa tension vers soi et vers l’autre , à tant modifié la littérature mondiale et les lecteurs. » Stéphane Olivié Bisson. Metteur en scène, interprète.

André michel Pouly.

* Il me paraît utile, dans la période actuelle, compliquée à maints égards de lire, relire Albert Camus.

Les carnets, un ensemble d’ouvrages autobiographiques, furent écrits par Albert Camus de mai 1935 à décembre 1959, soit une poignée de jours avant le 4 janvier fatal se 1960.
Les carnets couvrent la vie d’Albert Camus et se présentent, avant tout, comme instruments de travail, le dernier tome se rapprochant du journal intime.
Ils furent tous publiés de manière posthume entre 1962 et 1989.
49/50 Période difficile, de plus en plus souvent malade, affaibli. Va dans le Vaucluse.
C’est dans la lutte que j’ai toujours trouvé ma paix
58/59 voit souvent son ami René char. Achète la maison à Lourmarin.
« J’ai été capable d’élire quelques êtres et de leur garder, fidèlement, le meilleur de moi, quoi qu’ils fassent. »

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