FESTIVAL 2018 : BON BILAN POUR LE « IN » ET UN OFF QUI PERPETUE SES MAUVAIS TRAVERS

AVIGNON FESTIVALS 2018 : BON BILAN POUR LE « IN » ET UN OFF QUI PERPETUE SES MAUVAIS TRAVERS

Une fois encore c’est l’heure du bilan, le Festival d’Avignon et le Off sont morts et renaîtront de leurs cendres l’année prochaine avec, pour le Off, de belles salles qui jouent pour certaines toute l’année et quelques-unes moins glorieuses comme l’ensemble de ces bars, restaurants et autre fonds de caves transformés pour l’occasion en pompes à fric. Pardon ! en théâtres éphémères.

Comme souvent, les chiffres sur le Festival d’Avignon, donnés dès la fin de cette édition par son Directeur Oliver Py, sont encore une fois excellents avec ces 151 000 entrées. Un taux de fréquentation frisant les chiffres d’une élection en Russie et une critique, bien que parfois contrastée, plutôt bonne pour l’ensemble de cette programmation.

Quelques très beaux moments parmi cette cinquantaine de spectacles, comme la proposition de Milo Rau avec « La Reprise » qui a su bouleverser le public ou le « Thyeste » de Thomas Jolly qui remporte avec brio le défi d’investir le plateau de la Cour d’Honneur sans s’y casser les dents ou se laisser écraser par le poids des murs. De beaux moments également dans les propositions quotidiennes de David Bobée dans les jardins Ceccano. Olivier Py remporte lui-même un beau succès avec son « Pur Présent » épuré et le très touchant  » Antigone « . Quelques autres auront laissé des plumes sur les plateaux d’Avignon comme Chloé Dabert et son  » Iphigénie  » sans saveur ou  » Arctique  » d’Anne-Cécile Vandalem qui a laissé de glace le public avignonnais.

Passons sur le nombre toujours croissant de spectacles laissant une part plus que considérable à une vidéo envahissante, une boulimie technique et un désir de montrer qui semblent ne pas faire confiance à l’imagination et à l’intelligence du public, qui considèrent sans doute que les spectateurs de notre époque portent plus d’attention à un écran qu’à une personne. A quand le spectacle à la maison en live tweet ? On peut néanmoins légèrement regretter que le genre, thème de ce Festival, n’ait pas plus été à l’honneur sur l’ensemble des propositions, c’était le bon moment pour avoir cet éclairage poétique et politique sur le sujet.

Le Off aura été cette année dans le sillon des années précédentes c’est-à-dire dans une dérive d’expansion continue. Presque 1600 spectacles et des troupes toujours plus nombreuses à espérer trouver à Avignon un passeport pour le succès d’une tournée annuelle voire pluriannuelle. Certains y parviennent, d’autres restent sur le bord de la route en y laissant des plumes.

Pastis de l’année pour ce Off avec un théâtre (le 11- Gilgamesh) ayant ouvert une salle sans autorisation. Sans remettre cette sale affaire sur le tapis disons simplement que ça la fiche vraiment mal. Ne revenons pas non plus trop longtemps sur ces lieux (on ne peut décemment les appeler « théâtres ») proposant au fil des ans les mêmes comédies au rabais, les mêmes boulevards qui ne se font plus depuis 40 ans et cette ribambelle de one-man-show formatés. Revenons plutôt sur ces très belles réalisations que nous avons pu découvrir avant tout dans des lieux comme La Manufacture, La Luna, les Doms, le 11.Gilgamesh, les Halles, le Chêne Noir, le Transversal, Le Train Bleu, Le Chien, le Balcon … qui, à chaque festival tentent, cherchent et dénichent de magnifiques propositions et n’oublions pas le petit frère du Off, ce Villeneuve en Scène qui, malgré des dates resserrées (du 10 au 22 !) propose aussi de belles choses sur la Plaine de l’Abbaye.

Même si ce Festival Off 2018 n’est pas un inoubliable millésime, Le Bruit du Off a trouvé néanmoins de belles propositions et a orienté ses chroniqueurs sur la base d’une présélection qui s’est avérée pertinente. Nous avons aussi fourni un effort significatif par l’ajout d’interviews vidéos à nos chroniques afin de vous apporter plus d’informations, détachées de la chronique elle-même. Cette année ce n’est pas moins de cinquante vidéos qui sont en ligne* pour environ 250 spectacles vus ! Un gros travail qui, nous l’espérons, vous a permis de passer un bon Off 2018.

A l’année prochaine avec la même ambition de qualité et d’honnêteté avant tout !

Pierre Salles

* https://www.youtube.com/lebruitduoff

Image : « Si loin, si proche », qui se jouait au 11-Gilgamesh – Photo René Vezin

Comments
One Response to “FESTIVAL 2018 : BON BILAN POUR LE « IN » ET UN OFF QUI PERPETUE SES MAUVAIS TRAVERS”
  1. francis dit :

    Oui, il y a urgence à réinventer le Off d’Avignon. D’abord face au climat – le réchauffement climatique met en cause le modèle d’un festival urbain de masse en juillet. Ensuite pour étaler et vivifier l’offre sur la durée. Théatr’enfants , les cirques, les cafés théâtres… toutes ces offres thématiques ne sont elles pas à sérier et diffuser dans l’année ? Il faut étaler sur Août ; je pense aussi par exemple à un Off d’hiver en février – que les salles pourraient proposer aux compagnies sans supplément. Tel quel, le Off est presque un fardeau pour la ville et son centre ( Avignonais, je vois Nîmes ou Aix s’en sortir mieux), de par le court-termisme, l’argent facile et le faux prestige qu’il génére en 4 semaines.

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