« TOUS LES RÊVES PARTENT DE LA GARE D’AUSTERLITZ »,TRAGI-COMEDIE CARCERALE QUI LIBERE
LEBRUITDUOFF.COM – 11 juillet 2019
AVIGNON OFF 19. « Tous mes rêves partent de la gare d’Austerlitz » de Mohamed Kacimi, mis en scène par Marjorie Nakache à La Chapelle du Verbe Incarné – A 18h, relâche les 11,18,25 juillet.
Dans une maison d’arrêt, cinq femmes se retrouvent tous les jours à la bibliothèque. Un soir de Noël, débarque, terriblement déprimée, une primo-arrivante arrêtée pour l’enlèvement de sa fille. Elle a été dénoncée au moment où elle achetait pour sa fille la pièce de Musset : « On ne badine pas avec l’amour ». Pour la sauver, les filles lui proposent de jouer une scène de la pièce. Et là s’opère alors la magie du théâtre : ce réveillon en prison se finit en évasion !
D’une écriture sensible, drôle et émouvante, cette pièce de Mohamed Kacimi, auteur algérien salué par le quotidien « le Monde » comme « le fils de Kafka et de Courteline », est interprétée par six comédiennes, pétulantes, explosives et subtiles – six femmes « seules » en scène, cela est suffisamment rare pour être souligné par les temps qui courent ! – qui donnent toute son intensité et sa puissance à ce texte lanceur d’alerte.
Ironie du sort, elle est jouée dans un ancien couvent « La Chapelle du Verbe Incarné » où jadis des femmes furent aussi enfermées. Le joli patronyme du lieu n’a sans doute pas été sans influence dans le choix de la metteuse en scène, Marjorie Nakache, qui signe là son deuxième projet avec Mohamed Kacimi, rendant hommage à l’humanité et à la vitalité de ces femmes que la société enterre vives, et qui pour échapper au monde qui les éteint, trouvent la force de s’inventer d’autres mondes, usant du rêve et de l’imaginaire comme moyen d’évasion.
A voir absolument, même si la pièce met un peu de temps à trouver son rythme jusqu’au surgissement de Frida, la primo-arrivante, interprétée avec beaucoup de justesse par Marina Pastor.
André Baudin