AVIGNON OFF : PIERRE BEFFEYTE DEMISSIONNE… ET IL A BIEN RAISON !
BILLET : PIERRE BEFFEYTE démissionne d’AF&C, laissant le OFF dans ses impasses.
Bien sûr, il y a le covid ; bien sûr, il y a les fermetures réitérées de salles depuis mars dernier ; bien sûr encore, cette lassitude devant ce délitement général du spectacle vivant en pleine crise sanitaire… Mais ce n’est pas le sujet : aujourd’hui, le OFF d’Avignon se porte très mal – et c’est normal, pour user d’une rime facile.
En réalité, cela ne date pas d’hier. Lorsque Beffeyte reprend la présidence du OFF, il a derrière lui une présidence bananière de M. Greg Germain, qui pensait que le OFF était sa chose et en usait en conséquence : pouvoirs illimités, égocentrisme exacerbé, paranoïa absolue, et surtout, démocratie et collégialité nulles -sauf à servir ses inféodés et « amis », le tout assorti d’un usage immodéré et sans honte aucune de la « puissance » de l’association AF&C à des fins personnelles… Mais bon, ça, c’était « avant »…
Beffeyte est arrivé, et il a un peu voulu jouer le Zorro, qui allait remettre tout ce beau monde du OFF dans les cordes. Mission impossible, forcément, tant les intérêts, convictions, et pratiques des uns et des autres sont parfaitement incompatibles. Et les querelles d’influence, de pouvoir, esthétiques même (accessoires, pour tout dire, chez ces gens-là), les inimitiés et les jalousies, les coups tordus sont le pain quotidien de cette belle « confrérie » des scènes avignonnaises, tous prêts à se flinguer les uns les autres -« chers Frères de théâtre »- à la moindre occasion.
Le problème de Beffeyte est qu’il était, 1) trop honnête, et 2), trop confiant en la nature bienveillante et désintéressée des divers opérateurs du OFF. Du coup, il s’en est pris plein la figure, à vouloir d’une part faire bouger les choses, c’est à dire rendre plus éthiquement acceptable ce foutoir du OFF et d’autre part à vouloir « assainir » les pratiques absolument immorales des principaux acteurs de la galaxie OFF. Résultat, il s’est fait détester de tous, y compris de ses confrères en pleine pandémie covid, alors qu’il a tout fait pour les « sauver » de la faillite. Mais voilà, c’était sans compter sur une triple opposition, pugnace et vigoureuse :
Celle des « historiques », tout d’abord. Certains de ces « seigneurs » quasi-féodaux du théâtre avignonnais, qui voient d’un très mauvais oeil toute gouvernance du OFF -et du théâtre avignonnais en général- remise en question. Ces dynasties à la Gelas et autres « héros » du théâtre local dont le goût de pouvoir et l’appétence à la subvention publique sont sans partage. Et dont la prétendue « hauteur » de vue morale qu’ils dispensent généreusement à longueur de colonnes ou de conférences de presse a pour le landernau local politique, médiatique et institutionnel, valeur de parole d’évangile, hélas.
Deuxième opposition, en interne : l’association AF&C elle-même, dont les diverses composantes des « directoires » divergent, et s’entredéchirent allègrement. Cette association qui n’en est pas une au sens démocratique du terme agrège les intérêts commerciaux et médiatiques d’une multitude d’individus à l’ego boursoufflé et de structures plus ou moins artistiques, plus ou moins légitimes, promptes à s’entre-dévorer pour le moindre os disponible. Beffeyte évidemment n’était pas de taille -et n’avait peut-être pas envie- de se mesurer à ces chacals affamés de leur part de lumière. Et, accessoirement, d’espèces sonnantes et trébuchantes.
Enfin, troisième opposition, externe cette fois : cet agglomérat disparate des pires lieux de « théâtre » d’Avignon, obscures salles-garages uniquement ouvertes opportunément en juillet pour faire le chiffre des locations de créneaux, et qui ont fait front contre Beffeyte et l’association AF&C en menant « sécession » et en s’inventant un « combat » dérisoire. Ceux-là, 49 précisément, réunis sous l’association nouvellement fondée « Fédération des théâtres indépendants », agglomère la lie de ces tout petits loueurs de créneaux sévissant dans le OFF d’Avignon. Ainsi du « Verbe fou », confidentielle salle de 39 chaises, même pas des gradins, qui ouvre uniquement chaque année en juillet (à part peut-être quelques « sorties de résidence » de façade pour duper le client institutionnel) afin de bien rentabiliser la « manne » médiatique du OFF, dont sa « directrice », Fabienne Govaerts, une illuminée sans aucune légitimité artistique, ne mâche pas sa rancoeur à l’encontre de Beffeyte, allant jusqu’à claironner qu' »il n’a pas cette philosophie associative nécessaire dans une telle structure (AF&C)« . On croît rêver ! Mais qui est-elle, cette dilettante, pour oser étaler ainsi son mauvais venin d’acariâtre contrariée dans la presse locale (à lire le très bon article de Fabien Bonnieux dans La Provence du 11 décembre) ?
Cette fameuse association « Fédération des théâtres indépendants » est surtout furieuse que l’on ne reconnaisse pas comme « incontournables » sur la scène locale du OFF ses membres éminents, qui outre « Le Verbe fou », forment toute une cohorte de mauvais prétendants aigris, sans atours ni atouts, qui ont soudainement décidé de se « rebeller » avec leurs petits bras -et leurs pauvres arguments- face à la « puissance » supposée d’AF&C, qui leur ferait de l’ombre. Et surtout dont le gâteau convoité attise bien des appétits. On y rencontre notamment ces minuscules théâtricules, tels l’Albatros, le Pixel, ou le très défavorablement connu Théâtre du Rempart ou encore les « Théâtres » de l’Etincelle, des Brunes, de la Porte Saint-Michel, du Chapeau Rouge, des Vents… Bref, un assortiment soigné de toutes les salles les plus minables et ringardes du OFF. Et surtout inexistantes dans l’année.
Voilà donc Beffeyte démissionnaire, ce qui ouvre tous les espoirs -ou les cauchemars- à la future gouvernance d’un OFF, déjà avant la crise sanitaire fortement discrédité, mais depuis, en voie certaine d’implosion. Et de liquidation ?
Martin Zell
modéré? celui là est vitriolesque et bien vu!