« WORK » : CLAUDIO STELLATO, LE MARTEAU SANS MAÎTRE

lebruiduoff.com – 12 juillet 2021
AVIGNON OFF 2021. Claudio Stellato – « Work » – Festival Contre-courant, Île de la Barthelasse – Attention : 1 seule représentation le 15 juillet à 22h. Durée 50 mn.
« Quel chantier! Artiste inclassable, travaillant au corps la matière brute, Claudio Stellato s’entoure pour sa nouvelle création de bricoleurs acharnés, compulsifs jusqu’au délire. » nous dit à raison le communiqué de presse… Claudio Stellato est un artiste hors-normes, un rien provocateur, et on aime ça ! Sa performance « Work », nous en avions vu l’ébauche lors du festival d’Avignon 2018 était alors sans titre, mais elle nous avait ravis. Voici ce que nous en disions alors :
(…) Tout frais sorti du studio… et ce n’est pas Nathalie Maufroy, Mathieu Delengle et Claudio Stellato qui diront le contraire puisque eux sont arrivés avec leur atelier de bricolage avec force tréteaux, une planche et des clous mais aussi scie à bois, scie sauteuse, etc… bref, de quoi bricoler ! et la pièce qui ne semble pas porter de titre pourrait tout aussi bien s’appeler, en hommage à René Char et Pierre Boulez – on est à Avignon, que diable ! – « Le Marteau sans maître » puisque les uns et les autres manient les instruments du bricoleur du dimanche avec l’un une tête d’animal, l’autre une sorte de costume en polystyrène blanc, fait de micros-billes qui vont faire la joie du spectacle suivant !
Il y a quelque chose de la performance des années 70, le geste pour le geste, comme se clouer à l’aveugle les pieds sur une planche de bois avec la tension que le spectateur, en empathie avec les interprètes à ce moment précis, déploie en craignant pour le pied et même pour la main de celui qui tape d’une force non retenue pour attacher sa chaussure à la planche… cela passe comme un éclair.
Entre temps on a assisté à la démolition en règle du fond en bois clair dont on devine que Nathalie Maufroy a pris la responsabilité de le découper pendant que les deux autres, tout à leur affaire, s’évertuent à casser/reconstruire comme de grands enfants qu’ils sont restés… Jubilation donc que ce moment.
Emmanuel Serafini

Photos Christophe Raynaud de Lage