« MORPHINE », SANS LES BRAS DE MORPHEE
lebruitduoff.com – 14 juillet 2021
AVIGNON OFF 2021. Morphine – Adaptation et Mise en scène : Mariana Lézin sur un texte de Mikaïl Boulgakov – Théâtre le 11 – Du 7 au 29 juillet à 15h15.
Un décor de salle d’opérations. Tout est blanc, immaculé. Sur une table recouverte d’un drap, une petite masse informe, un corps ?
L’action se situe dans un poste reculé de la campagne russe. Un médecin tout juste diplômé et en poste de responsabilité de l’hôpital fait son entrée dans la salle d’opération apprêté : gants, masque, blouse… Il se demande ce qu’il fait là ? Une douleur récurrente l’empêche de dormir et il souffre d’insomnies. Le stress est en lui. Il n’a pas l’envie de s’occuper de ce patient, de peur de le perdre. A-t’il fait les bonnes études, est-il qualifié ? Il s’interroge, rongé par l’angoisse du travail qui l’attend et son incapacité soudaine à accepter la réalité. Face à ces incertitudes une fiole de morphine vient calmer ses peurs. Un confrère l’exhorte à ne pas prendre ce produit et à faire son travail. Rien n’y fait. L’opération échoue dans une mare de sang. La fiole de morphine réapparaît…
Une lutte les isole dans leur solitude. La morphine va prendre de plus en plus de place pour palier l’absence d’aide, d’entraides de l’un et l’autre. S’enchainera un parcours addictif qui révélera la question de leur identité propre ; l’un vraisemblablement sur le chemin du sevrage, l’autre sur la pente de son addiction au produit.
Que va t’il se passer ? Tous deux ont une vision différente de ce qui les anime. La certitude que la « maladie » de son confrère lui rend son existence insupportable, dans un geste d’humanité va t’il abréger sa souffrance ?
Certaines situations, les opérations surtout, sont hilarantes, déjantées. Mais sans la profondeur de Boulgakov, cela reste simplement une agréable comédie…
André-Michel Pouly