« HISTOIRE DE LA VIOLENCE », N’EST PAS OSTERMEÏER QUI VEUT
lebruitduoff.com – 17 juillet 2021
AVIGNON OFF 2021. « Histoire de la violence » – m.e.s. Laurent Hatat sur un texte d’Edouard Louis – à La Manufacture ( patinoire ) jusqu’au 25 juillet 2021 à 13h45 – relâche le 19 juillet.
Édouard rencontre Reda un soir de Noël 2012, séduit immédiatement par le jeune homme, il a envie d’aller plus loin avec lui, son esprit lui dit non alors que son corps l’attire vers lui. Les deux hommes se retrouvent dans le studio d’Édouard pour une nuit d’amour. Au petit matin, lorsque Reda s’apprête à partir, Édouard lui demande de lui rendre son téléphone qu’il ne trouve plus et qu’il voit dépasser de la poche de son amant d’un soir. Ce dernier se met en colère, sort un revolver en menaçant Édouard qu’il finit par violer. Un an plus tard, Édouard se confesse auprès de sa sœur, elle ne comprend pas pourquoi ni comment il a pu garder secret ce viol sans en parler plus tôt.
Le choix de la mise en scène de ce texte d’Édouard Louis inspiré par sa propre expérience personnelle, est porté par un trio où Clara, la sœur d’Édouard, relate la nuit du viol, où les corps se juxtaposent en mouvements de hip-hop sans jamais se toucher, afin de simuler la violence subie par l’agresseur. Le sol du plateau est noir brillant reflétant les comédiens tel un miroir du passé revécu, les lumières blanches s’imprègnent des ressentis de la victime qui a le sentiment d’être au final accusé d’avoir fait le mauvais choix et d’être doncc oupable.
C’est donc Clara qui porte la voix de son frère pour le déculpabiliser et le pousser à porter plainte à la police, elle défend son frère en revenant sur le parcours de sa vie, de l’autre chemin qu’il a pu prendre, en comparaison avec ses copains d’enfance de son petit village natal. Pendant ce temps, Reda et Édouard se coursent sur le plateau, miment les scènes évoquées par la sœur sans jamais faire de corps à corps.
Julie Moulier, dans le rôle principal de la pièce donne toute son énergie pour convaincre son mari resté dans l’ombre et le public que son frère est victime d’un viol, même s’il était d’accord pour le recevoir chez lui, pour avoir des ébats amoureux, l’élément déclencheur est uniquement l’accusation de vol par Édouard, qui fait basculer les au revoir en agression d’une telle violence.
Le sujet des origines sociales, de l’apparence que l’on renvoie aux autres est également abordé ainsi que la place que prend un jeune homosexuel au sein de sa famille habitant un petit village.
Le spectacle propose une belle scénographie, Reda quand à lui est présent pour les reconstitutions des faits et n’apparaît pas dans le dialogue de la fratrie. Un spectacle qui mérite d’être rodé afin de pouvoir briser la perplexité du public. Il faut dire que passer après Ostermeier rend la tâche plus difficile…
Béatrice Stopin
Juste quelques précisions:
La mise en scène est de Laurent Hatat ET Emma Gustafsson ( c’est une femme, mais elle fait de la mise en scène)
Il n’y a pas de hip hop dans le spectacle ( est-ce parce que c’est un danseur maghrébin que c’est du hip hop ?)
Ce projet était en route bien avant que Thomas Ostermeier propose sa version allemande.
Ceci dit, merci de votre regard critique…
Désolé pour ces imperfections… Nous n’avons bien sûr rien contre une metteure en scène féminine, bien au contraire : lisez-nous sur Angélica Liddell ou Emma Dante. C’est juste un oubli, sorry. Quant au danseur maghrébin, qu’il fasse du hip-hop ou dieu sait quoi on s’en fiche : cela n’enlève rien à notre jugement, quelle que soit « l’antériorité » : Ostermeïer en a tiré un spectacle magnifique… pas vous.