« UNE BÊTE ORDINAIRE », MONOLOGUE RENVERSANT SUR LE PASSAGE A L’ÂGE ADULTE

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lebruitduoff.com – 19 juillet 2021

AVIGNON OFF 2021. « Une bête ordinaire » – de Stéphanie Marchais, mise en scène Véronique Bellegarde – au 11 Avignon à 11h30.

« Une bête ordinaire » n’a rien d’ordinaire justement. A sept ans, la petite fille a déjà des seins qui poussent, une féminité qui grandit en elle comme une bête. A la fois effrayée et curieuse, elle va commencer à explorer ses nouveaux attributs, au grand dam de sa mère qui ne comprend rien à ce qui se passe (« où est passée ma môme à couettes ? »). Le brief de départ est chargé, et il faut tout le talent de l’actrice (Jade Fortineau) pour passer ce seul en scène qui navigue entre enfance et adolescence dans un texte bouleversant.

Pour renforcer le contraste entre l’âge « officiel » et l’âge vécu par le personnage principal, le mobilier est minuscule. L’intérieur orange est décalé, d’un autre temps, très 70s. Un musicien côté cour, tout est paré pour un grand voyage. Dans l’ignorance complète de ce qu’elle vit, cette petite fille fascinante avance à tâtons à côté d’une mère qui n’écoute rien et ne voit rien. Quelle fracture dans le dialogue parent-enfant déjà !

Le plus perturbant dans la démarche de l’enfant est le glissement insidieux vers des jeux dangereux, à la limite de la prostitution. Le danger est là, perceptible dès les premières minutes. Il est question de disparition d’une petite fille aux informations. La venue « d’un plus grand » dans la cachette du garage à vélo alimente l’inquiétude, toute la pièce est sous tension. Cet enfant joue avec le feu, la transformation l’effraie et l’attire.

L’actrice est pleinement engagée, ses expressions oscillent entre l’innocence de l’enfance et quelque chose de beaucoup plus dur. Le rythme est tenu, le texte riche et sans dérapage sur un sujet qui pourrait facilement être vulgaire. L’âge de l’héroïne est ce qui dérange le plus au fond. 7 ans, c’est beaucoup trop tôt pour entrer en pubert. Peut-être était-ce le moyen de mettre en évidence l’incapacité ou la difficulté de certains parents à voir leur enfant grandir ? Une bête ordinaire est une pièce dure, nécessaire sans doute, mais qui laisse forcément un certain malaise au spectateur.

Emmanuelle Picard

Photo Philippe Delacroix

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