« PERFIDIA », CHRONIQUE DE VIES ORDINAIRES
lebruitduoff.com – 27 juillet 2021
AVIGNON OFF 2021. « Perfidia » – Texte et interprétation : Laëtitia Pitz – La Caserne à 16h15 – Durée 1h15
Surgie de l’obscurité, Laëtitia Pitz, autrice-actrice de ce spectacle, apparaît, longiligne, immobile, le visage serein cerclé par une rayonnante chevelure dorée, entourée d’un halo de lumière orné de rinceaux et d’entrelacs.
Debout et immobile devant un pupitre, Laëtitia Pitz nous propose une lecture de son propre texte. Dans une sobriété recherchée, aucun jeu de scène ou quelconque expression qui pourrait distraire l’oreille ou détacher le public des mots et de la musicalité de la langue. Une langue particulière, un flux de paroles à la fois continu et haché. Les phrases sont courtes, assorties de silences et de mots percutants, vont à l’essentiel. Ici ce sont les mots qui comptent et, surtout la manière de les dire, de nous les transmettre.
Ces mots évoquent la vie de trois générations de femmes et de leurs proches depuis la Seconde Guerre mondiale jusqu’aux années 80 en passant par la Guerre d’Algérie, le retour des rapatriés. Ce sont des vies ordinaires qui sont décrites par petites touches, souvent très brèves, une sorte de pointillisme qui, peu à peu, sous des traits fugitifs, donne du corps aux personnages. Des personnages face à leur destin, victimes comme tout un chacun des aléas de la vie, qu’ils soient intimes ou subis par l’histoire. Le drame côtoie les petits gestes quotidiens et les évènements anodins. Ce sont les vies de Clara, Eva, Camille, Pierre et les autres, tout simplement !
Les vies de ces femmes et de ces hommes confrontés aux passions et aux rigueurs de l’existence – les aventures amoureuses, les séparations, un terrible avortement, la guerre – sont dépeintes sans passion, sans émotions, toujours dans la sobriété et dans une apparente banalité. Malgré cette distanciation recherchée on ne peut que s’identifiera ces personnages ordinaires et l’émotion pointe en filigrane. Il faut se laisser emporter par la musicalité et par la poésie du texte, par ces silences rompus par l’impact d’un simple mot, parfois brutal.
Il n’y pas vraiment de fil de l’histoire et l’on s’y perd un peu dans ces personnages. Mais ce n’est pas le plus important, ce qui compte ici c’est la magie du mot, l’écoute d’un texte brut et le rythme de la phrase qui capte l’attention, qui nous immerge dans les vies de personnages qui nous restent distants mais dont les brefs moments de vie résonnent au plus intime de nous-mêmes.
Jean-Louis Blanc
A la caserne ?
Mais…vous z’aviez dit dans je sais plus quel article qu’il fallait éviter TOUS les théâtres de la rue de la Carrèterie…😅
On n’est pas obtus. On va partout, malgré nos a priori sur certaines salles. Et, effectivement, lorsque l’on a dit cela, sur la rue Carreterie, nous ne pensions pas à La Caserne…