« BUFFALO », LA TRAGEDIE POUR TOUT UN PEUPLE
lebruitduoff.com – 7 juillet 2022
AVIGNON OFF 2022. BUFFALO – Julien Defaye et Nicolas Gautreau – Théâtre Artephile – 7 rue du Bourg Neuf – A 17h 55 -Tout public à partir de 12 ans.
C’est l’histoire de Franck Mayer, homme ordinaire décédé à l’âge de 104 ans, qui aura connu les guerres avec les indiens, leur quasi extermination, au même titre que le « Buffallo » (bisons endémiques des vastes territoires de l’Amérique ), une tuerie : des millions de bisons massacrés entre 1870 et 1880.
Il n’est pas le plus célèbre des chasseurs de bisons, dit-il, mais lui ne ment pas. Faut-il entendre une « pique » de Franck Mayer, en opposition à un autre chasseur de bisons et d’indiens, figure emblématique, héros de nombreux westerns : William Cody dit Buffalo Bill, qui fit de sa vie une légende controversée.
Sur scène, Julien Defaye et Nicolas Gautreau nous font revivre l’aventure calamiteuse du » Tueur de bisons ». Julien s’est emparé du texte, Nicolas nous emmène avec sa guitare dans le Farwest. L’alchimie du récit soutenue par la musique « Western », musique folk américaine créée par les colons qui se sont installés par milliers, instille la légende de « la conquête de l’ouest ». Pas très reluisante en fait.
Progressivement une atmosphère s’installe. Les plaines immenses de l’ouest américain avec ses hordes de bisons renaissent dans notre mémoire. Qui ne se souvient d’avoir vu quelques westerns guerriers : indiens, bisons, cavalerie mêlés dans des scènes de carnage d’une très grande sauvagerie ?
Julien Defaye et Nicolas Gautreau dressent un récit monstrueux, détaillé, bien explicite : l’approche de la bête, l’arme de chasse, le calibre, les cartouches … Viser, tuer… En cas de capture, » l’indien » se vengeait cruellement : pas de place pour l’émotion, jusqu’à 15 bisons par jour. Il partait avec ses 15 cartouches. Cela lui suffisait.
Aucun cynisme dans ce récit. La tragédie pour tout un peuple… Pour Frank Mayer, bisons/indiens, à l’entendre, le choix peut se poser sur le plan économique, éthique, voire sociétal – les indiens étaient considérés comme valeur nulle au regard des 15 $ dollars que représentaient la tuerie d’un seul bison sur des troupeaux de 15 millions de têtes-.
André Michel Pouly
Julien Defaye est comédien et photographe. Formé aux beaux arts de Limoges puis de Nantes, il étudie le cinéma et le Theâtre à l’université de Quebec de Montreal. Nicolas Gautreau, musicien, compositeur et scénographe se consacre à la composition pour le théâtre.
Photo Morgane Defaix