AVIGNON OFF : UN « CALIGULA » TRES MECHANT MAIS BIEN TOUCHANT
lebruitduoff.com – 8 juillet 2022
AVIGNON OFF 2022. « Caligula » – m.e.s. Bruno Dairou – texte d’Albert Camus – A La Factory, Théâtre de L’Oulle – 11h15 – du 07 au 30 juillet, relâche les 11, 18 et 25.
« Caligula est une pièce d’Albert Camus écrite en 1939. Maître absolu de Rome, Caligula a la révélation de l’absurdité de la condition humaine, après la mort de sa sœur Drusilla, décidé à exercer sa propre liberté contre l’ordre des hommes et des dieux, niant le bien et le mal, il se transforme en un tyran sanguinaire, bourreau de lui-même, autant que des autres.»
Quel audace que de s’attaquer à un monument tel que Caligula ! Bruno Dairou réussit ce défi en ajoutant à ce récrit sa touche contemporaine faisant par là même écho à une actualité brûlante. Le public est accueilli par les comédiens avant d’entrer dans la salle et sera encore sollicité pendant la pièce afin d’accentuer la position ridicule de tous ses sujets que Caligula tyrannise autour de lui.
Caligula entre en scène essoufflé, en sueur, à moitié dévêtu pour annoncer que de ses souffrances naît un être abject et sans limites. De cette annonce va naître un complot contre lui, certains vont le défendre, alors se créée une discorde entre ses sbires pour défendre la « bonne personne » qu’il était précédemment.
Des cubes blancs de différentes tailles et hauteurs, font office de colonnes, trônes, chaises, tambours… ce qui apporte aisance et fluidité pour les nombreux changements de scènes de cette pièce en quatre actes. Un carré de lumières au sol éclaire à lui seul la scène et plonge dans la pénombre le reste du plateau, comme pour accentuer davantage les moments tragiques pourtant déjà difficilement supportables.
Dans ce spectacle, pas de costumes d’époque liés à une tragédie, les comédiens étant tous vêtus d’une chemise blanche et d’un blazer bleu foncé, en signe de modernité, qui corrobore bien l’esprit de la mise en scène et la scénographie up to date
Caligula est une pièce longue où le texte d’Albert Camus est porteur d’un drame autour de la mort et de la cruauté de celui qui détient le pouvoir, mais le metteur en scène à su donner l’impulsion nécessaire à ne pas distendre trop le temps.
Les comédiens, tous empreints d’un certain talent, incarnent parfaitement chacun des personnages, notamment par la diction et la gestuelle dignes des épopées romaines, pour le plus grand plaisir du public qui profite d’un péplum des temps modernes.
L’Empereur, Antoine Laudet, sait toucher le spectateur dans ses multiples facettes de bourreau déjanté, cruel mais aussi attendrissant, par la douleur qui l’affecte et qu’il communique. Ce Caligula arrive habilement à combiner un style dramatique classique, largement teinté d’une mise en scène actuelle, pleine d’énergie et d’humour.
Béatrice Stopin