AVIGNON OFF : « LE SEL », FABLE PHILOSOPHIQUE AUX CULTURES CROISEES
lebruitduoff.com – 10 juillet 2022
AVIGNON OFF 2O22 – « Le sel » – m.e.s. Christelle Harbonn – à la Manufacture Château de Saint-Chamand – à 13h15 du 7 au 26 juillet, relâche 13 et 20 – durée 2h10 (voyage navette aller-retour-compris) ou 1h40 sans trajets – Spectacle en hébreu et arabe surtitré.
Comment aborder le sujet de la différence, qu’elle soit de nature sentimentale, religieuse ou d’origine culturelle, sous la forme d’un conte qui traite de la recherche de l’identité ? C’est ce que nous propose Christelle Harbonn.
Deux histoires liées entre elles sont présentées, celle de Ephraïm et Effrat en 1890, amoureux mais mal vu par les parents car les deux jeunes amants ne sont pas de la même religion. Ephraïm part à dos d’âne à Jérusalem pour devenir rabbin, tandis qu’Effrat l’attends avec leur enfant à Marrakech. En 2020 à Paris, Jésus et son compagnon souhaitent adopter un enfant, la question de ses origines se posent alors à lui. Jésus se lance à la recherche de son identité et se rend au Maroc où est né son aïeul Ephraïm. Jésus raconte son périple et le fil de ses rencontres avec les membres éloignés de sa famille, chaque souvenir fait voyager le spectateur dans une ambiance chaleureuse marocaine.
La scène est délimité par un carré de poudre blanche au sol : le mellha qui signifie en hébreu et en arabe le sel mais aussi le symbole des liens amicaux et de fraternité lorsqu’il est partagé autour d’un repas. « le sel » donne le titre à cette pièce pour représenter tous les aspects de partage quel qu’il soit.
Les deux époques se juxtaposent entre elles avec facilité, une kippa, un long gilet blanc, un sac à dos permettent facilement d’identifier la période, pour laisser le spectateur se faire bercer au cœur d’une histoire de familles et d’amitiés éclatées au fil du temps. Les comédiens donnent le ton attendrissant ou révolté en fonction de la situation. La priorité de l’histoire est donné aux ancêtres de Jésus, vécue comme une rêverie qui autorise à penser à une fin heureuse, ce qui ne saura pas le cas mais laisse place à une moralité finale, celle de l’amour paternel.
La complexité de l’être humain est ici mis en avant tout en douceur à la manière d’un conte qui fait voyager le spectateur dans une atmosphère doucereuse et émouvante. Les passages à notre époque interrogent sur les conflits israélo-palestinien, l’homophobie et l’amitié qui existe pourtant entre eux qui sont de nationalités différentes.
« Le Sel » est un récit sur les origines et le besoin que cela représente de savoir d’où l’on vient, ce spectacle est une agréable évasion.
Béatrice Stopin
Photo Helene Harder