« LA BOMBE HUMAINE », VERBEUX ET INUTILE
lebruitduoff.com – 13 juillet 2022
AVIGNON OFF 2022. « La bombe humaine » – de Vincent Hennenbicq et Eline Schumacher – mise en scène Vincent Hennenbicq – Théâtre des Doms – Du 7 au 28 juillet – 16h30 – durée 1h30 – Relâche 12 – 19 – 24.
Dans leurs combinaisons pailletées de garagistes, la troupe nous accueille au milieu des serpentins, des confettis, des cannettes vides et des verres abandonnés au sol ou sur les tables. Lendemain de fête. Guelle de bois ? La fête est finie nous dit-on d’entrée de jeu. Mais quelle fête ?
Malgré le nombre de personnes sur la scène c’est à un quasi monologue que nous assistons : la prise de conscience par Eline Schumacher de tout ce qui se cache derrière le mot « anthropocène ». Pendant 1h30, dans l’ambiance musicale créée par Olivia Carrère et Marine Horbaczewski, avec quelques courtes interventions de Vincent Hennenbicq et d’Aurélie Peret, l’artiste va nous livrer tout ce que l’on sait déjà. Avec force statistiques, données techniques et économiques, elle empile les évidences, les agrémentant de réflexions économiques, sociologiques ou philosophiques et d’interview de célébrités.
Quel dommage d’avoir une telle matière et tant d’artistes sur scène pour en faire si peu de théâtralité et si peu de réflexion. Celui qui ne s’est jamais posé de questions sur l’avenir de la planète y apprendra peut-être quelque chose. Mais pour celui qui s’est déjà un tant soit peu posé sur la question, ce spectacle n’apportera rien. Aucune analyse, aucune réflexion personnelle, mais au contraire un propos très démagogique, culpabilisateur au cours d’une séance d’auto-flagellation qui ne se penche que deux minutes sur les vrais responsables, et qui se conclu par « l’utopie nous permet d’avancer ». Sic !
Et quand je vois le public qui applaudit debout et qui en sortant se félicite de la climatisation qui fonctionnait bien dans la salle, je me dis que le message n’est peut-être pas vraiment bien passé. La fête est finie et le réveil sera dur lorsque la gueule de bois sera éloignée. Quant à moi je passe mon chemin et prend le parti de l’action plutôt que celui du verbiage inutile et inefficace.
Christine Eouzan
Photo Céline Charriot