« LA COMMEDIA DIVINE », UNE DANSE ENGAGEE POUR CELEBRER DANTE
lebruitduoff.com – 13 juillet 2022
AVIGNON OFF 2022. « La commedia Divina #like4like » – Compagnie Essevesse – Antonino Ceresia & Fabio Dolce – au Théâtre Golovine.
POUR CEUX QUI AIMENT LA DANSE ET DANTE
Pas facile de s’attaquer à La divine comédie, l’œuvre monumentale de Dante, même pour les siciliens Antonino Ceresia & Fabio Dolce nés dedans, bercés par les mythes et les rêves d’un artiste sous influence du 13ème siècle l’époque où il décrit sa vision de l’enfer, du purgatoire et du paradis… Ils proposent un trio intense.
Respectueux de la tradition, c’est logiquement que les deux artistes divisent leur nouvelle création présentée au Théâtre Golovine, un de leurs fidèles partenaires, en trois parties.
Pour respecter, en quelque sorte, les sources d’inspiration de leur maitre, ils vont introduire aussi les nouveaux éléments de la société dans laquelle ils vivent : vidéo avec le très beau travail de Nicolas Clauss qui filme des créatures ambiguës, aux visages fardés tels des danseurs butô mais aux signes queer bien affirmés des drags qui forment peut-être le monde moderne d’un Dante transposé au 21ème Siècle : une hypothèse plausible… Ils vont introduire aussi la musique mais électronique, chant en direct, maîtrisé par Romain Aweduti qui suit la danse de la salle, berçant de ses volutes les trois parties… La modernité est aussi présente avec la parole et ces # qui encombrent le monde : enfer ou paradis ?
La réussite indéniable de cette pièce c’est la danse. Les deux chorégraphes et la sublime danseuse Sakiko Oishi sont remarquables de perfection dans ce qu’ils veulent apporter sur le plateau. Les équilibres sont tenus, les pointes parfaitement maîtrisées, les portés inventifs et les solos inspirés… Belle énergie et dès que Fabio Dolce chausse ses aiguilles, il entre dans un déboulé qui suit une ligne parfaite où rien ne se décale, c’est Sakiko Oishi qui annoncera le purgatoire à moins que, vue sa danse, ce ne soit tout simplement le paradis… Cet univers, à la pointe de minuit, plonge dans une sorte de caverne (la bien nommée) où se croisent corps et âmes qui vont et viennent sur scène pour inquiéter le spectateur.
Cette version 2.22 de la Divine Comédie interroge, bouscule et berce à la fois, c’est la force de cette pièce qui vous donnera tout ce qu’il vous faut pour passer une nuit heureuse ou hantée selon que vous êtes ange ou démon…
Emmanuel Serafini