INTERVIEW : BRICE ALBERNHE, VILLENEUVE EN SCENE

3 QUESTIONS A BRICE ALBERNHE, Directeur du festival Villeneuve en Scène – Du 9 au 21 juillet, Villeneuve Lez Avignon.
Comment et dans quel état d’esprit abordez-vous cette édition 2022, après deux années d’incertitudes marquées par la pandémie et le reflux des spectateurs, et maintenant un climat général plombé par les préoccupations économiques et une guerre aux portes de l’Europe ?
Brice Albernhe : Nous pensons que l’art reste la meilleure réponse à la morosité de notre époque. Dans un contexte sombre ou maussade, il est un refuge, une bouée, une libération. Avec Villeneuve en Scène, ce magnifique jardin du Festival d’Avignon, nous proposons au public une parenthèse, une respiration pour se retrouver avec les autres. C’est une invitation à la rencontre, à donner sens au réel et à le mettre en beauté.
En quelques mots, décrivez-nous les points forts de votre programmation 2022 et ce que vous en attendez.
Villeneuve en scène peut accueillir des spectacles au format important avec une vingtaine d’artistes au plateau et des grandes scénographies, comme des petites formes pour 1 à 4 spectateurs. Cette nouvelle programmation se compose de 16 spectacles itinérants aux formes hybrides, protéiformes, riches et singulières, avec un fort volet expérientiel. Les artistes ici proposés disent la complexité et la confusion du monde, mais toujours avec un regard coloré, inventif, joyeux… vivifiant.
Que pensez-vous de la nouvelle configuration au sein d’AF&C, avec cette présidence « bicéphale » et des orientations affichées semblant accorder plus de place encore au « marché » du OFF, selon les propres propos de ses co-présidents fraîchement « élus » ?
En tant que lieu financé par les politiques publiques pour être une vitrine des écritures itinérantes, nous ne sommes pas favorables à une vision pléthorique et dérégulée du Festival Off d’Avignon. Nous savons pertinemment que cet événement majeur se monte au détriment des compagnies et souvent de la qualité artistique.
Les deux dernières présidences ont eu à cœur de porter une vision servant l’intérêt général, de professionnaliser les pratiques et de soutenir les artistes. Le virage n’a pas été pris, ils ont été empêchés de continuer dans cette voie… c’est dommage. Sans projet d’envergure et sans modalité de régulation, AF&C risque de redevenir pour nous avec le catalogue, le simple prestataire de service qu’il était jadis.