UNE « ANGELE » SURVOLTEE, TROP POUR ÊTRE HONNÊTE
lebruitduoff.com – 29 juillet 2022
AVIGNON OFF 2022. « Angèle » – Cartoun Sardines – m.e.s. : Patrick Ponce – au Théâtre des Carmes – du 7 au 25 juillet, jours impairs à 13h50 – durée 1h30.
Angèle vit avec ses parents dans une ferme provençale. Elle s’enfuit avec un Marseillais et revient un an plus tard avec un enfant. Pour sauver l’honneur, son père l’enferme dans la cave. La compagnie « Cartoun sardines », comme à son habitude revisite les grands classiques provençaux, et s’attaque cette fois-ci à « Angèle » de Jean Giono et du célèbre film de Marcel Pagnol aux accents de Provence. La compagnie a fait le choix de le revisiter à la manière d’un tournage d’un film. Un rail encercle la scène sur lequel glisse un chariot, les comédiens seront tour à tour cameraman ou metteur en scène… un strapontin au milieu de la piste pour jouer les saynètes. Deux histoires dans l’histoire se déroulent, celle d’Angèle bien sûr et celle du tournage du film, ce qui donne un rythme effréné à la pièce, qui passe de l’histoire de la fermière à la conception du film. Les scènes s’enchaînent, sans aucune transition, tantôt autour de l’histoire même, tantôt avec les prises de vue à refaire ou à modifier. Le chariot tourne pour montrer que le film se réalise, parfois s’arrête pour laisser place aux dialogues nécessaires à la compréhension de l’histoire. Quant aux comédiens, ils se partagent plusieurs et mêmes rôles.
La pièce est sans nul doute dynamique, pas de répit pour le spectateur qui doit jongler continuellement entre l’une et l’autre des propositions, on a parfois l’impression de suivre un match de tennis ! Ce qui empêche le spectateur de se poser pour apprécier les dialogues, quand ce n’est pas les brebis qui bêlent à tue tête, ce qui peut faire rire, mais de moins en moins au fil du spectacle. L’idée d’une mise en scène incluant un tournage de film dans l’histoire est bien vu, mais c’est ce qui en fait une « Angèle » qui passe au final au second plan, tout ça pour faire tenir deux histoires en une qui se jouent bien trop rapidement pour du Pagnol, ce qui gomme toute la poésie de l’œuvre.
Béatrice Stopin