« LES FEMMES DE LA MAISON », QUAND LES PLUMES AURONT DES DENTS

Lebruitduoff.com – 28 juillet 2029

AVIGNON OFF 2023. Les femmes de la maison – Texte et mise en scène de Pauline Sales – Au 11 jusqu’au 26 juillet.

« Il est indispensable qu’une femme possède quelque argent et une chambre à soi si elle veut écrire une oeuvre de fiction » assure Virginia Woolf, femme de lettres indépendante, qui a la chance de posséder cette « chambre à soi » dont elle défend la nécessité dans un essai. L’histoire des « Femmes de la maison » tourne autour d’un lieu semblable : un salon qui coïncide avec sa cuisine, au sein duquel sont accueillies des femmes artistes. Nullement « maison de poupée » puisque le mécène, assez déconstruit, est un amoureux des arts et de la culture, ravi de pouvoir offrir cette « chambre à soi » à de grandes madames tout aussi ravies par la proposition. Ainsi, au cours de la pièce, plusieurs figures féminines se succèdent dans cet espace bordé de larges fenêtres. Une femme de ménage est présente pour subvenir à leurs besoins – petites mains absolument nécessaires, effacement de la poussière pour l’envolée des plumes. Dans ce lieu, quelques règles simples à respecter : obligation de laisser une œuvre derrière soi, interdiction de mourir ou d’embêter le voisinage. Les culottes tachées de sang, pendues à un fil visible de partout, contreviennent à cette règle mais tant pis, le texte n’est pas fait que de mots.

Le début de la pièce peine un peu à décoller, avec une première locataire correspondant parfaitement au cliché de l’artiste torturée en proie au syndrome tenace de la page blanche. Mais au fur et à mesure des tableaux qui s’enchaînent nous sont présentées des femmes intéressantes aux tempéraments variés. On finit par assister à une résidence d’artistes où le sujet du féminisme, central, est évoqué avec beaucoup de finesse et d’intelligence. Si le visage de ces femmes demeure lié à une série de stéréotypes dans la manière qu’elles ont d’exister, de parler, de se défendre, ces stéréotypes n’empêchent pas la transmission de plusieurs idées profondes, en plus de rendre bien lisible le contour des personnages qui se superposent. Toutes ces femmes sont très belles et brillamment interprétées, même s’il est certain qu’elles ont déjà été aperçues quelque part, dans le rire d’une copine ou le cri d’une prêtresse, et que les perruques ressemblent à bien des cheveux.

Une pièce en somme bien savoureuse, qui réaffirme avec une rhétorique pertinente des idées féministes d’actualité, en s’appuyant sur une galerie de personnages bien typés, attachants, agaçants, en orbite autour d’un lieu qui sait montrer ses coutures, fenêtres à l’envers, volets en avant ou cheveux au vent.

Célia Jaillet

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