UN « MANTEAU », D’APRES GOGOL, A PEAUFINER

Le Manteau - Onyx

LEBRUITDUOFF.COM/ 9/07/2013

AVIGNON OFF 2013 : « Manteau » – Tâche d’encre – 12h00 – durée 1h15

Pour porter à la scène la nouvelle de Nicolas Gogol, « Le Manteau », la Compagnie Théâtre Onyx démultiplie les ressorts scéniques : vidéo, marionnettes et jeux d’ombres accompagnent quatre comédiens dans le récit de l’aventure d’Akaky Akakievitch, fonctionnaire d’Etat à Saint-Pétersbourg. Bien que maladroit à plusieurs points de vue, le spectacle offre un bon moment aux amateurs de Gogol.

La nouvelle de ce grand auteur russe évoque à de nombreux égards celle du « Nez ». Une fois de plus, l’écrivain dépeint le système administratif de son pays à travers un personnage relativement médiocre, qui place tout l’enjeu de sa vie dans l’un de ses attributs. Il est cette fois un copiste au zèle démesuré, un pauvre diable moqué par ses collègues, qui pour retrouver un peu de dignité, s’endette et s’offre un magnifique manteau.

Plus encore qu’un marqueur social, ce manteau devient un confident et un soutien qui lui redonne confiance en lui, et lui ouvre de nouveaux horizons. Néanmoins, ce manteau beaucoup trop beau lui est dérobé le soir de son inauguration. Sa perte et ses vaines tentatives pour le récupérer plongent Akaky Akakievitch dans un désespoir qui lui est fatal. Après sa mort, son fantôme vient hanter les lieux de l’agression et dépouiller les passants de leurs manteaux…

Le problème de la narration posé par cette nouvelle est résolu sous différentes formes par les comédiens. Répartie entre un musicien et une Baba qui tient parfois le rôle de la logeuse du héros, elle est également prise en charge par une voix off. Ces diverses solutions rendent plutôt fluide la mise en contexte de l’histoire d’Akaky, et les commentaires qui servent de transition. Cette triste épopée est en outre égayée par des chansons, les railleries des collègues du héros, qui apparaissent sous forme de grosses marionnettes, et le personnage du tailleur ivrogne.

On perçoit un réel effort de la part de la compagnie pour reconstituer l’univers de Gogol dans cette nouvelle, notamment par l’usage d’images vidéo. Elles permettent de représenter le ministère, le bureau d’Akaky, la neige et le repas de fête qui célèbre l’inauguration de son manteau. Néanmoins, les dessins sont un peu simplets, un peu enfantins, et l’on regrette que la recherche visuelle ne soit pas plus poussée.

De plus, la scénographie d’ensemble est un peu laborieuse. Soucieuse de différencier les plusieurs lieux invoqués par le texte, la compagnie reconfigure l’espace à chaque séquence. Si les transitions sont atténuées par de beaux chants, on se demande pourquoi déployer tant d’efforts à remporter le meuble qui sert de bureau au héros dans les coulisses à tous instants, alors qu’il nécessite chaque fois de déplacer l’un des trois écrans qui servent de fond.

Le désir d’illustrer le texte est disproportionné par rapport aux moyens pourtant nombreux qui sont mobilisés, et il faudrait davantage faire confiance au texte, au talent des comédiens et à la capacité des spectateurs à imaginer ce qui n’est pas montré. Ce qui semble moins être un spectacle soigneusement peaufiné qu’une proposition n’en reste pas moins prometteur.

 Floriane Toussaint-Babeau

 

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