« L’OCCUPATION », LA FEMME TRAHIE
lebruitduoff.com – 27 juillet 2022
AVIGNON OFF 2022. « L’occupation » – m.e.s. Pierre Pradinas – au Théâtre des Halles à 14h du 7 au 30 juillet, relâche le 27 – durée 1h05.
Pour sublimer ce merveilleux texte de d’Annie Ermaux qui traite de la jalousie d’une femme de la quarantaine qui va mener une enquête minutieuse pour connaître la nouvelle conquête de son ex, Pierre Pradinas, fait le choix d’une mise en scène vive et colorée, deux grands tapis rouges installés en bord de scène et côté cour l’installation du musicien Christophe « disco » Minck avec une table de mixage qui s’illumine aux sons qu’elle produit, harpe, guitare et synthétiseur, accompagnant le déroulé de la pièce. Les images projetées au fond sur écran blanc, oscillent comme un miroir déformant d’un esprit obsédé d’une femme qui se sent trahie et de l’idée des lieux brouillardeux où se trouvent probablement la nouvelle aimée de son ex.
Romane Bohringer arpente de long en large la scène comme un animal aux abois en proie aux sentiments opposés, amour et haine mélangés, cherche toutes les solutions pour résoudre son énigme. Elle s’installe dans un rôle comme « taillé sur mesure », incarnant cette violence intérieure pour arriver à convaincre le public que sa jalousie est légitime. Le spectacle puise habillement son dynamisme par un accompagnement musical aux sons variés, qui vient soutenir les moments d’inquiétudes, de doutes ou de joies que peuvent ressentir toutes ces femmes désaimées qui espèrent anéantir le nouveau couple formé sans elle, mais dont la réalité les tiraille jusqu’aux chairs.
La jalousie peut amener à faire des choses insensées, jusqu’à ce que le soufflet retombe et que de nouveaux projets pointent à l’horizon. « L’occupation » est le reflet de l’esprit d’une femme rongée par des ressentiments exacerbés, une proposition théâtrale qui met en relief l’acharnement d’une personne, au moyen d’un soutien audio-visuel et musical indispensable pour ce spectacle abouti et puissant, où Romane Bohringer donne le meilleur.
Béatrice Stopin
Photo Marion Stalens